Le jeune et talentueux chanteur/imitateur Michaël Grégorio termine la tournée « best of » de ses précédents spectacles, agrémentée de nouvelles imitations, nous plongeant dans une multitude d’ambiances maîtrisées voire bluffantes et toujours saupoudrées de touches humoristiques !
Qui dit nouvelle tournée dit nouveau design. Nous allons voir quelles évolutions ont été appliquées par Jocelyn Morel à la lumière et comment il répond toujours judicieusement aux besoins de cette large palette d’ambiances que nous propose l’artiste.

Un tableau épuré et plutôt intimiste, animé par l’écran qui occupe une grande place dans le spectacle. Les MagicPanel Ayrton sont utilisés ici pour leur beau faisceau wash.
C’est au Zénith de Toulouse que nous retrouvons l’équipe de tournée. Nous sommes accueillis par Jocelyn Morel, éclairagiste de Michaël depuis 2006 et collaborateur de Soundlightup. Nous nous installons en régie alors que les derniers réglages se terminent, pour échanger sur l’évolution de la lumière.
Jocelyn Morel : J’éclaire Michaël Grégorio depuis décembre 2006, on peut dire d’une certaine manière que l’éclairage de l’artiste a évolué avec lui, avec sa notoriété. Nous sommes passés progressivement d’un accueil avec 6 machines et un peu de trad à 4 semi-remorques pour la technique, et 2 tour bus sur la route. Actuellement nous sommes une équipe de 31 personnes sur la tournée, des chauffeurs aux monteurs en passant par les techniciens son, vidéo, rigging, lumière, qui est complétée par une équipe de roads et de riggers en local.
SLU : Avec cette évolution au fil des tournées, comment Michaël perçoit-il la mise en lumière de ses shows, quelles sont ses exigences ou ses souhaits ?
Jocelyn Morel : Le temps passé à travailler aux côtés de Michaël me permet d’avoir du recul et de savoir ce qu’il aime ou pas. Je m’attache avant toute chose à la justesse du propos. Il faut savoir que dans la set-list (qui est conséquente), il y a tous les styles musicaux, et de même dans le répertoire, il y a des titres qui sont joués avec différentes intentions.
Parfois on est dans la performance pure, parfois c’est du détournement humoristique, ou presque uniquement de la parodie. Je suis donc en permanence en recherche de la justesse de la lumière, non pas forcément avec ce que j’aime, mais avec ce qui sert le mieux le propos du show.
C’est un spectacle d’imitations, il faut donc retranscrire le propos de l’artiste imité, MAIS avec l’intention de Michaël. Quand on part sur une imitation de Jacques Brel, il faut reproduire au mieux l’ambiance des années soixante comme si l’on assistait à un concert de l’artiste original. Pour la création en elle-même, Michaël me fait confiance sur beaucoup de choses.
Après 10 ans de collaboration, je finis par connaître ses goûts. Je travaille un tableau et lui montre le résultat.
On échange sur la façon dont on pourrait le faire évoluer, mais généralement on tombe rapidement d’accord sur un visuel cohérent et qui lui plaît, ou qui peut aussi ne pas plaire, ni à lui ni à moi, mais où nous sommes d’accord sur le fait qu’il convient parfaitement à un numéro bien précis.
Sur ce genre de spectacle abordant les aspects très différents de tout ce qu’on peut retrouver dans le monde de la musique, on doit aussi savoir se plier à ce type d’exercice assez délicat mais enrichissant. Et souvent pendant la tournée, le processus de création se fait à la volée. Le spectacle étant en constante évolution, on ne part pas sur une idée qui restera figée et fermée. La scénographie est étroitement liée au thème de la tournée : « j’ai 10 ans ». La disposition des éléments techniques reprend de près ou de loin l’idée d’un gâteau d’anniversaire. L’espace scénique adopte un placement circulaire avec l’utilisation d’un proscenium arrondi et de cerces concentriques.
Un kit mesuré et efficace
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Le kit s’articule autour d’une base de 42 Mythos, une machine qui plaît énormément à Jocelyn, bien qu’au départ il était un petit peu réticent à l’utiliser.
Jocelyn Morel : Je suis passionné de lumière, et j’ai toujours aimé les projecteurs qui produisent un faisceau pur et magnifique. En ce sens le Mythos, machine par définition à tout faire, avait pour moi un sérieux handicap. Puis, en travaillant avec à différentes occasions, j’ai reconnu que sa polyvalence et surtout ses caractéristiques optiques, qui étaient loin de correspondre à mon idéal, m’apportaient toute satisfaction en termes de rendu dans 95 % des cas. Très sincèrement, et à ma grande surprise, son faisceau me plaît vraiment beaucoup. Il a eu une mauvaise aura à son lancement due à certains problèmes de lampes, mais il est maintenant tout à fait fiable. Nous en avons un kit assez important et depuis suffisamment longtemps pour avoir un vrai recul sur ce projecteur.
En beam il délivre un faisceau qui a une énergie incroyable, il bénéficie de la trichromie ce qui est essentiel, et en spot c’est également un projecteur qui a une ressource folle. Son amplitude de zoom est large ce qui permet d’avoir une source extrêmement malléable et permettant un éclairage vraiment maîtrisé sur des surfaces, mais aussi de générer des effets de grande ampleur. Il n’a pas d’iris mais j’ai réussi à m’organiser pour qu’il ne me manque pas. Son amplitude de zoom est telle que j’arrive sans problème à simuler une fermeture d’iris ultra-fine… Bref c’est aujourd’hui une de mes machines préférées.

Une des aptitudes du Mythos Claypaky est bien évidemment son mode beam, comme ici où nous avons chaud pour Michaël qui se retrouve enfoui sous un amoncellement de photons !
La face est assurée par sept Viper Profile, très appréciés également par Jocelyn qui les désigne comme une des meilleures machines de type spot du marché pour cette catégorie de puissance. On trouve aussi dans le kit 21 MagicPanel 602 et 17 MagicBlade Ayrton.
SLU : Tu peux nous parler de ces machines ?
Jocelyn Morel : J’utilise les MagicPanel essentiellement pour faire du wash, en douche, en contre-jour sur les musiciens. En plus d’être une machine à effets avec sa matrice de leds, c’est une très belle source de lumière avec un très beau faisceau. C’est un appareil qui a souvent été privilégié dans des applications ultra-techniques, utilisé massivement en grandes matrices pour ses effets graphiques, et on en a presque oublié qu’avant toute chose c’est une source qui produit une lumière magnifique.
Au départ, je les ai utilisés dans le kit pour remplacer des Viper Wash DX trop lourds et encombrants pour des scènes de théâtre, et je les ai naturellement conservés car ils correspondent précisément à mes attentes en matière de lumière pure. Après, ils sont évidemment capables d’effets graphiques tout à fait spectaculaires dont je ne me prive pas non plus à différents moments du show.

… qui peuvent apporter beaucoup de profondeur en contre-jour en jouant avec les pixels des machines.
Sur cette tournée il y a aussi 17 MagicBlade, installés sur les cerces. Ils apportent une petite touche de folie grâce à leur pan et tilt infinis et aux différents effets originaux que l’on peut obtenir en jouant avec des segments de leurs 7 différents faisceaux. Je m’en sers pour faire des effets vers le public. Ils sont placés très en avant, au-delà de la scène, pratiquement au-dessus des premiers rangs.
On remarque disséminés dans le design lumière, la présence de stroboscopes Atomic 3000 Led, 12 pour être précis. Au final, ils sont relativement peu utilisés en effets stroboscopiques basiques, qui ne se prêtent pas vraiment à ce show, nous dit Jocelyn, ils sont cependant souvent utilisés en habillage avec l’effet « Aura » permettant des petites animations graphiques. On les retrouve aussi sur certains tableaux en blinders très efficaces.

Zoom sur le pont de face et ses Viper Martin, au second plan les MagicBlade-R Ayrton dans une configuration où les effets vers le public sont vraiment percutants, leurs faisceaux rayonnent depuis la cerce extérieure.
Nous terminons par les B-Eye K20 Claypaky. Il y en a seize dont six à contre au sol, les autres sont sur des pieds et sur des supports de décor, à cour et à jardin, à différentes hauteurs. Ils assurent les latéraux et des effets sur le public. On remarque l’installation de ces K20 latéraux sur des supports spéciaux qui les positionnent inclinés d’une trentaine de degrés vers l’intérieur de la scène.

Une partie des B-Eye K20 Claypaky montés sur leur pied et leur embase spécialement inclinée, leur permettant d’atteindre des angles vers le bas. (Photo Jocelyn Morel).
SLU : Jocelyn, peux-tu nous parler des supports de B-Eye ?
Jocelyn Morel : Ce sont des pièces d’aluminium qui ont été construites à ma demande par JSF, un fournisseur de matériel son & lumière que je connais très bien et qui dispose d’un atelier de fabrication d’éléments scéniques sur mesure. Qu’ils soient sur les pieds Wind-up ou sur mes éléments de décor, ils sont inclinés à 27° car ces machines ont un petit inconvénient : leur axe Tilt est très limité vers le bas. Si on les dispose sur un support horizontal, on a un débattement ultra-faible vers le bas.
Ces supports leur assurent donc une inclinaison constante et idéale pour les faire travailler de cette manière. Ils ont été remarqués par de nombreux éclairagistes et sont désormais au catalogue des accessoires spéciaux que vend JSF sous la dénomination « JoMoTILT » ! (le nom m’a fait beaucoup rire), mais c’est cool car visiblement ils commencent à être adoptés par beaucoup de monde. Cet étagement des latéraux ajoute une inclinaison implicite à la scène, lorsque les B-Eye jouent seuls (ou presque) dans cette configuration, une ambiance feutrée envahit le plateau.
Jocelyn Morel : Ces Wash ont une place importante au sein du show, tant leurs possibilités sont étendues avec leur zoom de grande amplitude. C’est aussi un magnifique projecteur à effets dont je ne me prive pas ! J’utilise les effets intégrés à la machine qui sont particulièrement efficaces. Dans leur configuration actuelle, en mode 35 canaux, je n’arrive pas à leurs limites. C’est d’ailleurs pour ça que même en festivals l’été, où l’on s’adapte à ce que l’on trouve sur place, nous avons toujours tourné avec notre kit de B-Eye.

La brigade lumière qui entoure Michaël avec de gauche à droite, Thierry « Schwartzy » Scheidecker, Jocelyn Morel, Remy Hénon & Nicolas Gros
Le kit trad compte une vingtaine de FL650 montés dans des supports individuels ressemblant à des phares de moto, et connectés par paires, le tout disposé au sol sur scène.
Jocelyn Morel : Ils me permettent de faire une sorte de tapis de bougies sur scène, de créer des flashs au niveau du sol entre les musiciens. On en retrouve d’ailleurs douze de plus au sol pour matérialiser l’arrondi du nez de scène. Ils apportent sur certains tableaux une ambiance tungstène très dorée.
L’énergie de ces petites lampes est toujours intéressante. J’adore en avoir un certain nombre pour pousser dans le dos des musiciens et créer des contre-jours impressifs. Huit blinders de type FL2600 (à quatre lampes 650 W) se trouvent à l’avant de la grosse cerce et ponctuent le show lors d’effets aveuglants ou lors d’éclairage du public.

La scène tout de blanc vêtue sous différentes températures de couleur appuyée par la chaleur des projecteurs tungstène répartis au sol.
Un petit mot sur le brouillard (« MDG, what else ? » s’amuse Jocelyn)
Jocelyn Morel : Il n’y a rien d’autre qui me donne une telle satisfaction. Même les différents produits qui essayent vaguement d’y ressembler sont loin d’égaler une MDG. On a une ATMe qui tourne à cour en continu, et de l’autre côté à Jardin, une Touring 5000 utilisée ponctuellement pour faire des compléments de densité quand le besoin s’en fait sentir. Elles sont couplées chacune à un ventilateur.
SLU : Jocelyn, parle-nous un peu de ta régie, comment pilotes-tu ton kit ?

Un beau quatuor comprenant B-Eye K20 et Mythos Claypaky, Atomic 3000 Led Martin et un phare à lampe 650 W au lointain de la scène devant l’imposant mur d’écran.
Jocelyn Morel : Sur une Grand MA-2 Full-Size. Elle envoie deux signaux, du MA-NET vers un NPU qui gère les huit premiers univers DMX. Il est doublé par un second NPU de spare qui tourne simultanément. La GrandMA envoie également un signal ART-NET dans un node MALighting qui gère un neuvième univers dont nous avions besoin (tout ne tient pas sur huit) pour quelques machines. Il n’est pas doublé mais les appareils qui en dépendent ne sont pas absolument décisifs.
Nous n’avons d’ailleurs jamais eu de soucis avec. Les signaux sont envoyés en fibre depuis la régie jusqu’aux blocs entre 2 Gigacore Luminex. Cette configuration a été mise en place par Jean-BA de Phase 4 qui m’a administré tout ça impeccablement. Le système est ultra sûr. J’ai un petit rack perso en régie dans lequel j’ai toutes mes bidouilles, mon intercom pour les liaisons avec le bloc et la poursuite, le départ fibre avec les connexions d’alim pour la console, et un onduleur pour les équipements du rack (dont principalement le Gigacore).
Une scénographie qui laisse plus de liberté
Le matériel est donc installé en corrélation avec l’aspect circulaire de la scénographie. On définit donc facilement les zones d’implantation du parc lumière : contres au sol (et nez de scène via une partie du trad), latéraux cour et jardin sur deux niveaux, à hauteur d’homme et en plongée avec l’utilisation d’échelles, les cerces concentriques reprenant une bonne partie de l’espace scénique sur un plan élevé, et le traditionnel pont de face.

Les cerces qui occupent en hauteur la majorité de l’espace scénique, équipées de Mythos, Atomic Led, MagicPanel et MagicBlade-R. La zone au-dessus du proscenium de la grosse cerce supporte également les blinders FL2600.
L’écran à leds lui occupe la majorité du fond de scène. On remarque que le couple vidéoprojecteur/écran blanc de la précédente tournée a laissé la place à un écran led black face qui offre une plus grande liberté à Jocelyn.

Les fameux groupes d’échelles placés à cour et à Jardin qui supportent chacune 9 Mythos, ils délimitent les latéraux et occupent un espace libre qui au final encadre l’écran. (Photo Jocelyn Morel)
Focus sur les échelles latérales qui soutiennent une partie des Mythos, dix-huit machines au total. Ces échelles d’environ 2,60 m sont implantées face au public. On les retrouve dans la moitié supérieure de la hauteur qui sépare la scène des cerces. Les rangées d’échelles sont légèrement inclinées. Ces dispositions permettent de travailler les angles autrement que de façon frontale.
Jocelyn Morel : On travaille latéralement sur les musiciens et vers la salle, ce qui permet de donner de l’envergure à la scène dont le fond est accaparé par l’écran led. Cet écran qui est très massif et occupe une grande surface, c’est autant de place et d’angles d’où ne peuvent partir les faisceaux. La lumière est dans le prolongement de la vidéo, et sur certains tableaux elle prolonge le visuel.
SLU : Nous avons évidemment remarqué l’utilisation des B-Eye K20 en latéraux, mais également de manière fréquente en tant que sources d’effets, est-ce que dans tes mises en lumière ce poste est pour toi un placement synonyme de polyvalence ou est-ce propre à cette création ?
Jocelyn Morel : J’utilise beaucoup les latéraux, dans la plupart de mes mises en lumière. Ce sont des angles que j’adore et que je travaille de plein de manières différentes. Ici les B-Eye me font effectivement des latéraux puissants sur le plateau mais leur disposition a été imaginée pour permettre un habillage esthétique de la scène et la création d’effets de lumière parfois très impressifs autour des musiciens, ou complètement vers le public, en créant parfois une sorte de voûte au-dessus des artistes. Les 16 B-Eye constituent une grosse partie de l’identité visuelle de ce show.
SLU : Certains de tes tableaux peuvent être d’une simplicité extrême mais redoutablement efficaces, se limitant à un faisceau traversant la scène pour éclairer Michaël, appuyé par un léger renfort en latéral. À l’inverse, lorsque tu dois amener beaucoup d’éléments visuels et que tu es plus libre en termes de création, y a-t-il des limites que tu t’imposes au niveau du rendu (mélanges de couleurs ou d’effets, vitesses etc.) ?
Jocelyn Morel : Dans le spectacle de Michaël, les ambiances sont nombreuses et différentes (presque autant que de morceaux dans le spectacle) et je dois reconstituer des univers lumineux très variés. Sur les moments très intimistes, j’aime travailler la lumière de façon assez minimale, notamment avec ces diagonales violentes qui viennent de très loin pour cibler mon artiste au milieu d’un tableau qui contre cette direction de manière radicale.
C’est devenu un élément reconnaissable de ma patte de lighteux. J’ai souvent un tableau comme celui-ci dans un spectacle et je le décline dans quantité de modes différents. Pour d’autres ambiances sur des choses plus remplies, en règle générale j’essaye avant tout de traiter le propos artistique. Même lorsque je travaille un tableau particulièrement disco ou volontairement rempli de faisceaux, la base de la mise en lumière est d’intégrer les artistes dans l’effet, et ne pas les noyer au milieu du tableau.
Pour ce qui est des couleurs ou des effets, j’essaye aussi de les faire correspondre aux ambiances. Dans ce show on a des tableaux très colorés parfois (les tableaux comme celui des Bee-Gees, de l’ambiance « Dance Machine » ou encore le tableau final, avec des choses assez criardes et clinquantes même, mais c’est parfaitement assumé), et parfois des tableaux beaucoup plus sobres.
SLU : Nous ne pouvons que constater la permanente évolution des shows de Michaël, l’accroissement des scènes, et par extension de sa lumière. De ton côté, continueras-tu à avoir cette approche « live » de ton pupitrage ?
Jocelyn Morel : C’est pour moi essentiel, que ce soit avec Michaël ou d’autres artistes. Et c’est ce qui fait la différence. Michaël est un artiste qui fait de la musique et de la performance « live ». Divers évènements nous ont montré que seul le pupitrage live pouvait correspondre à sa versatilité et à sa liberté sur scène. C’est ça notre job, et c’est comme ça que le public ressent l’émotion. Tout mon travail passe par l’interprétation, le ressenti…
C’est la même différence qu’il y a entre jouer de la musique sur un instrument et passer une bande sonore. Ce n’est pas une question d’évolution. La technique doit servir l’émotion « live ». Si on doit perdre « le live » pour faire évoluer la technique, c’est une sacrée régression, et surtout, ce n’est juste pas le même métier. Toute évolution passera de toute évidence par l’approche live.
Une mise en scène étudiée en étroite collaboration avec la vidéo
SLU : Justement concernant la vidéo qui est très présente dans le show de Michaël, comment t’y es-tu adapté, y a-t-il eu concertation ?
Jocelyn Morel : Michaël a toujours travaillé avec de la vidéo. Nous ne sommes pas dans un process habituel où l’éclairagiste décide de manière arbitraire du type de vidéos ou médias utilisés. Ici la vidéo est illustrative pour certains titres et les médias proviennent en partie de créations de contenus spécifiques faisant partie de la mise en scène. On peut avoir une pluie de textes pour certaines séquences de karaoké, des parodies de clips, mais aussi des images tournées spécialement et produites avec du trucage, et tous ces éléments font partie de la mise en scène du spectacle, en lien direct avec les musiciens et Michaël.

La vidéo se confond avec la lumière pour un résultat du plus bel effet malgré la surface sans faisceaux occupée par l’écran.
C’est Maxime Lethellier qui gère toute la création de contenu vidéo, et il a de très bonnes idées en termes de visuels. Le spectacle évolue en permanence. Michaël essaye régulièrement de nouveaux morceaux, de nouvelles voix et quand Maxime arrive avec un nouveau visuel, nous travaillons chacun de notre côté puis nous partageons nos idées, lors des balances, et nous sommes souvent sur la même longueur d’onde. Nous expérimentons beaucoup de choses en cours de tournée.
Nous avions eu l’occasion de nous entretenir un bref instant avec Maxime sur une des autres dates de la tournée, où il nous avait donné quelques détails supplémentaires sur la façon dont la vidéo était travaillée et restituée.
Maxime Lethellier : Ça fait 9 ans que je collabore avec Michaël, depuis que j’ai fini mon Master en arts plastiques et création numérique (option scénographie) en 2008. On a travaillé avec un studio de création vidéo où j’ai assuré la liaison avec Michaël. On ne peut pas vraiment parler de direction artistique, j’étais à l’écoute de l’artiste et je briefais ensuite le studio. La vidéo est gérée avec un Catalyst, que je pilote via une console GrandMA2 dédiée, située en backstage à cour. La console commande l’envoi des vidéos mais aussi de certaines pistes sonores et autres bruitages qui y sont parfois associés.

Un mélange de lumière et de vidéo parfaitement dosé et bien encadré par les faisceaux latéraux des Mythos.
L’une des évolutions que l’on peut constater sur ce show est la présence d’une poursuite Cyrano 2,5 kW à la face, dans les Zénith, grâce à laquelle Michaël est maintenant libre de ses déplacements. Une face plus ou moins classique (via les Viper) est toujours assurée pour des morceaux interprétés de manière statique par exemple, ou qui imposent l’utilisation de couleurs ou textures.
Jocelyn Morel : La Cyrano convient très bien en Zénith mais peut parfois se révéler limite en puissance lorsqu’elle est placée très loin de l’artiste. Il ne faut pas oublier qu’elle doit lutter contre un mur de leds imposant et que le flux lumineux des asservis est élevé. Le fort éclairement sur le plateau a tendance à masquer l’effet de la poursuite. L’emploi d’une source de 4 kW n’était pas pleinement justifié hormis sur des dates comme Bercy où l’on utilisait plusieurs Lancelot.
Huit petites mains au cœur de la technique lumière
Les derniers calages sonores reprennent, nous quittons la régie pour nous diriger en coulisses où Jocelyn nous fait rencontrer sur le vif une partie de l’équipe qui l’entoure. L’équipe lumière compte aussi Thierry » Schwartzy » Scheidecker, qui gère les blocs, l’alimentation électrique, le câblage et le réseau, c’est une des personnes charnières de l’installation.
Thierry « Schwartzy » Scheidecker : Mon job sur le papier est assez simple mais requiert beaucoup d’organisation lorsqu’on travaille sur des tournées de cette envergure car la fiche technique lumière est quand même conséquente et il faut pouvoir conjuguer les contraintes que l’on nous impose en termes d’installation, de puissance, de timing, mais aussi de la place que l’on a dans les camions. Tout est optimisé.
Pour la distribution électrique, on essaye de faire au plus simple, mais on doit pouvoir isoler n’importe quelle machine en cas de problème sans porter préjudice à l’ensemble en coupant trop de projos, c’est pourquoi, dans la mesure du possible, chaque appareil dispose de sa propre ligne d’alimentation jusqu’aux armoires qui, elles, sont placées à jardin. C’est de l’organisation et de l’habitude.
Idem pour la distribution du signal DMX qui est rationalisée et dont les connexions sont optimisées et assurées par un certain nombre de possibilités de spare rapide en cas de coupure de signal dans un multi ou sur une liaison quelconque. On est ici dans le cas d’une configuration finalement assez simple, mais optimisée et bien pensée à la base pour ne pas se retrouver en galère en cas de problème.
Nicolas « Nico » Gros assure le montage (du plateau, et de la lumière) ainsi que l’encadrement du personnel local affecté à la lumière. C’est un peu lui qui donne la cadence et qui pilote l’organisation générale des roads au plateau.
Tout se fait en coordination avec Yannick et Thibault Bastian, les chefs riggers, pour la levée des éléments de structure.
Rémy Hénon quant à lui est affecté à la poursuite, qui est maintenant indispensable sur les shows de Michaël. Il assure aussi le montage du kit avec Schwartzy et Nico.
Jocelyn Morel : Nous pensons aussi à certains membres de l’équipe, qui sont actuellement sur d’autres tournées. Mickaël « Mickey » Lecourt, Remy Bourdial et Romain Villart-Jamet avec qui la tournée a démarré. Ensuite, il y a eu différentes versions du show, avec des variations de kit pour satisfaire toutes les jauges, les théâtres et les grandes salles, pour revenir ici au kit Zénith qui est le plus fourni.
Les kits » réduits » sont basés sur la même scénographie, mais avec moins d’éléments scéniques (les praticables sur deux niveaux, l’avant-scène, ne sont présents que sur le kit Zénith), de l’accroche simplifiée à des ponts droits (exit les cerces et les échelles) ou même des perches de théâtre, et bien sûr le set de machines allégé. Une autre version, ne comprenant que le sol a été déployée pour les festivals, complétée par les kits lumière fournis par les festivals.
Le kit lumière global, même s’il commence à être imposant en nombre d’appareils, reste tout à fait cohérent, les projecteurs sont choisis pour ce qu’ils savent faire et rien ne paraît superflu, Michaël avec la collaboration de Jocelyn arrive à nous transporter dans l’univers qu’il décide d’imiter (voire de reproduire ?) et la magie opère à coup sûr…
Matériel lumière
42 Claypaky Mythos
16 Claypaky B-Eye K20
21 Ayrton MagicPanel 602
17 Ayrton MagicBlade
12 Martin Atomic LED
28 FL 650
8 FL 2600
1 MDG ATMe
1 MDG Touring 5000
1 GrandMA2 Light
2 NPU MALighting
1 Node MALighting
1 système de liaison fibre optique avec Gigacore Luminex
10 Splitters Celco 2-10
1 poursuite Juliat Cyrano 2,5 kW
Les intervenants
Production : RUQ Spectacles
Prestataire lumière : Phase 4 / B-Live
Prestataire son : Lys
Prestataire vidéo : Skynight
Prestataire rigg : Scenium
Tour bus : Black Line
Transports : Artys
Equipe technique et artistique
Régie générale / administrateur : Pascal Autissier
Direction de production : Laurent Poirier
Régie artistes : Jean-Louis Dapoigny
Régie plateau : François Gouin
Régie son façade : Ludwig Leroy
Régie son retour : Riko Leroy
Design lumière et pupitreur : Jocelyn Morel
Vidéo/real : Jérôme Ledoux / Nicolas Laillier
Backliners : Thierry Senecal, Clément Dantan
Technicien son/ingé système : Thomas Mouterde
Technicien son retour : Dylan Lemarchand
Technicien light – chef électro : Thierry « Schwartzy » Scheidecker
Technicien light assistant auto : Nicolas Gros
Technicien light – poursuiteur : Remy Henon
Assistant vidéo réal / médias vidéo : Maxime Lethelier
Technicien vidéo Led & vision : Tomi Patissier
Techniciens vidéo cadreurs : Vicent Lapointe, François « Mini Moi » Dubois
Technicien décor : Jérôme Saint Marie
Responsable rigging : Yannick Bastian
Merchandising : Céline Pasquier
Chauffeurs camions : Mabeko Dosso, José Grégorio, Stéphane Degrave, Cédric Trifot
Chauffeurs bus : Olivier Neveu, Antony
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