Il y a entre Rock en Seine, On-Off et d&b, un lien indéfectible et quasi historique qui a fait rugir en avant-première dans le Parc de Saint-Cloud, les nouveautés de la firme allemande. 2018 n’a pas dérogé à la règle avec le KSL, en quelque sorte le bébé stéroïdé du GSL.
Informés par notre indiscret petit doigt de la présence d’une quarantaine de ces nouvelles petites têtes cardioïdes qui seront officiellement dévoilées au NAMM d’Anaheim du 24 au 27 janvier 2019, nous avons assisté à la fin du montage d’une partie d’entre elles en rappel VIP sur la Grande Scène et le reste en principal à la Cascade, la seconde scène du festival francilien.
Ci-après en vidéo les premières notes françaises du KSL utilisé pour redonner SPL et aigu aux VIP de la Grande Scène.
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On en a aussi profité pour écouter le déploiement de GSL de la Grande Scène, une grosse configuration, et c’est justement par là que commence notre balade sur le site de St. Cloud encore en montage en ce jeudi 23 août en compagnie de Boris Jacquier-Laforge dit Bobo, le responsable technique d’On-Off. L’alignement de subs au pied de la scène est assez impressionnant.
SLU : 24 SL-Sub, ça fait une sacrée ligne…
Bobo : 48 mètres de long, en arcsub. Array Calc me donne une atténuation de 6 dBC à la régie qui est placée à 55 mètres du crash ! Cette valeur est obtenue en associant têtes et subs, mais cet arrangement nous donne plus de cohérence sur la distance. Nous gardons aussi 4 mètres entre les subs et les premiers spectateurs qui bénéficient de 12 Y placés dans le nez de scène…
SLU : En J tu plaçais combien de subs ici ?
Bobo : 48, mais il faut rester sérieux. Un SL-Sub correspond à la somme d’un J-Sub et d’un J-Infra moins 1,5 dB. Et les GSL délivrent beaucoup plus d’énergie dans le grave que les J, d’autant qu’on en a 18 par côté, 14 GSL8 et 4 GSL12. On est donc très confortable.

24 GSL-Sub alignés au pied de la Grande Scène dans un montage qui sera modifié à la nuit tombée en 11 x 2 + 1 + 1.
SLU : L’Array Processing ne t’aide pas dans le grave…
Bobo : Non, il commence dans le bas médium et au-delà. La faible atténuation entre scène et régie est due à la somme de l’énergie dans le bas des GSL et des SL-Sub. Entre point chaud et régie et cette fois-ci en dBA, on tient en 4 dB.

18 GSL par côté. Remarquez aussi pendus sous le nez de scène et bientôt cachés par un tulle noir 6 x 2 Y. Tout à droite et en train de monter, 10 KSL8 arrivées le jour même d’un festival de metal allemand, en fait un kit de 48 têtes très voyageuses.
SLU : On voit que mécaniquement tu t’es mis des limites…

Les deux Touring Racks 18U abritant chacun 6 D80, et un DS10 sont en charge d’alimenter les 24 SL-Sub. Chacun des 21’’ qui les animent ont droit à un canal d’ampli.
Bobo : Oui, on a les dernières têtes à -3,5° et on maintient une balance tonale et une pression comparable sur les premiers 90 mètres, après on relâche au niveau de la pression en maintenant le plus possible la balance tonale.
Notre problématique c’est de ne pas interférer avec la Scène de l’Industrie qui est pile en face à 350 mètres. C’est déjà arrivé.

Des gars, des filles de la technique, du beau monde avec de gauche à droite : Océane Landry stagiaire technicienne chez On-Off, Elise Defurnes chargée de projet qui est venue se dégourdir les bras sur site, Boris Jacquier-Laforge dit Bobo responsable technique chez On-Off et Eric Bérard dit Rico, sondier émérite que même sa mère appelle désormais Rico, en charge de l’accueil à la Grande Scène.
SLU : Donc, en plus de piquer tes têtes tu as programmé un preset assez doux sur l’AP.
Bobo : Bien sûr. Ce n’est absolument pas naturel et ça casse la balance tonale quand on lui en demande trop, en plus en pareil cas à la régie le mixeur aura une décroissance minime en dBA, mais en C les subs arriveront déjà atténués, du coup il va bourrer dans le bas et devenir dangereux.
Les normes vont changer (c’est fait pour tout le monde depuis le 1er octobre 2018 NDR) On a beaucoup écouté l’AP, et en restant sobre et en respectant plus les règles de l’acoustique, tu obtiens un résultat beaucoup plus naturel.
La découverte du KSL

L’équipe de la Cascade presque au complet : Matthieu le Failler en charge de l’accueil, François le Pallec technicien son Eurolive en charge du dispatching et enfin Loïc Letort aussi en charge de l’accueil son.
Après cette salutaire remise à niveau d&b et gros GSL, en route vers la Cascade où le K ne servira pas à déboucher des VIP mais bien à dégoupiller du gros son pour des milliers de festivaliers.
Vues de loin, les deux lignes des 14 têtes KSL chacune paraissent petites. On verra après que taille physique et SPL n’ont que peu à voir chez d&b. Au sol, un arc de 12 SL-Sub est aligné et ne va pas tarder à se faire entendre. Comme pour la Grande Scène, un mélange entre 10 têtes en 80° et 4 en 120° vient logiquement remplir le champ proche. A notre arrivée, des CD défilent grâce à Pierre Scalco de d&b France qui est sur site avec un interface permettant d’attaquer le système, un boitier qui selon moi n’était pas au sommet de sa forme.

De gauche à droite en mode « sérieux » : Didier Lubin, Janko Ramuscak et Pierre Scalco à la régie de la Cascade.
On retrouve aussi Didier « Lulu » Lubin qui lui en revanche l’est, tout comme Janko Ramuscak, consultant senior du pôle application et éducation de d&b Allemagne.
Après quelques poignées de main on se jette avec curiosité dans le tir de ces têtes de présérie qui font le tour d’un certain nombre de prestataires et d’événements européens pour en tirer des enseignements et sans doute quelques ajustements des presets.

Les 14 KSL dont 10 KSL8 et 4 KSL12 de la Cascade. Comme me l’a glissé malicieusement Janko, ces têtes sont neuves mais l’été est tellement chaud que la poussière marque les boîtes et dévoile les sorties des 4 évents.
d&b a repris les bonnes idées du G et les a transposées dans le K avec deux moteurs 3’’ seulement et ce coup-ci tournés dans le bon sens. Les HP sont aussi plus petits. Les deux graves passent à 10’’, les deux renforts/tueurs d’onde arrière latéraux deviennent des 8’’, comme le médium pavillonné cher à la marque et qui est aussi mû par un 8’’ spécifique.
On n’a donc plus tout à fait le mur du son du G dont le grave est énorme même sans sub grâce au couplage entre les 14,6’’ principaux et les 10’’ latéraux. Le positionnement du K est de remplacer quasi au dB près le SPL du J, mais en plus petit, plus efficace et plus qualitatif dans l’aigu. Mission accomplie.
La patate est là, le son est projeté fort et loin avec une définition et un croustillant dans le haut qui montre que moteurs et guide ont beaucoup progressé depuis le J. Le bas mid est très délié, tout comme le grave, le fruit sans doute de la légèreté des équipages mobiles et de l’excursion peu commune des HP modernes tirant pleinement parti de la puissance impulsionnelle du D80.
L’impact du grave est bien là, on le ressent, mais il est placé plus haut et diffère de celui gras et imposant du G. Le K a donc besoin de travailler plus étroitement avec des subs et le choix de d&b est de n’avoir qu’un seul et unique modèle, le SL-Sub, implique pour le fabricant la certitude d’offrir un raccord de qualité entre des 21’’ et le couple 10’’+ 8’’ qui agit comme un 12 ou 13’’ tout en gardant le même chemin de phase, ce qui permet de déployer facilement G et K dans le même système.

Le montage « ramassé » des 12 SL-Sub de la Cascade. Comparé à la ligne de 12 et toujours au sol et prévue au départ, on ne perd pas beaucoup en termes d’uniformité mais on gagne bien en impact. Hein ? Oui, 132 Kilos. Pfffff, fastoche ;0)
Nous profitons de la présence de Janko Ramuscak qui accompagne les sorties du K pour le questionner sur ce nouveau venu de la gamme SL.
SLU : Le K va inévitablement prendre la place d’un système.
Janko Ramuscak : Oui, sans problème le J.
SLU : Mais le J n’a jamais été utilisé en renfort latéral comme le sera le K avec le G…
Janko Ramuscak : Bien sûr que le J a été employé sur les côtés lors de grands déploiements, mais c’est vrai qu’il a été notre gros système avant l’arrivé du GSL.
Le K a l’avantage majeur de raccorder très bien avec le G, de garder la même philosophie, couleur et propreté à l’arrière que ne peut offrir le J. Le KSL se positionne bien entre le GSL et le V.
SLU : Pensez-vous que le choix d’avoir placé des 10’’ et des 8’’ dans le K, donc d’avoir une toute petite boîte, ne laisse pas un trou dans le catalogue d&b ?
Janko Ramuscak : Le K est légèrement meilleur en termes de SPL, a le même poids, est plus petit que le J, et a une ouverture verticale supérieure aux 7° du J.
Nous avons voulu avoir cette distinction entre le gros modèle et le suivant pour éviter la confusion chez nos utilisateurs : « à quoi bon l’un si l’autre est très proche ». Si tu regardes bien, le K se positionne vis-à-vis du G aussi bien que le V vis-à-vis du J. Enfin, et c’est le gros avantage du K, cela reste une enceinte trois voies (4 en ajoutant les latéraux NDR) sur deux canaux d’amplification.

La chambre de Loïc Letort, prête à accueillir les mixeurs des artistes qui vont se produire à la Cascade.
SLU : Comment comptez-vous raccorder le K et le SL-Sub. De la même manière que le G?
Janko Ramuscak : On n’a pas encore arrêté notre choix. Pour le moment ce raccord se fait comme pour le G.
On profite du temps qui nous est donné avant son lancement pour tester le système sur le terrain, écouter et recueillir les commentaires de nos clients. S’il apparaît qu’il faut écrire un preset spécifique pour le raccord entre K et SL-Sub, bien sûr nous l’écrirons. C’est une première pour d&b de ne pas avoir un sub spécifique pour une tête.
SLU : Il n’y aura pas de KSL-Sub
Janko Ramuscak : Non, on a un SL-Sub pour toute la série. On va cela dit regarder très attentivement la façon avec laquelle nos utilisateurs vont le déployer. Si on constate qu’à chaque prestation certains réglages sont appliqués, on agira. Laissons le temps au temps. On est confiants quant à notre choix, sinon nous aurions développé immédiatement un sub en plus. Les écoutes et les mesures prouvent le bien fondé de notre choix. Je ne dis pas qu’on s’y oppose par principe, simplement c’est beaucoup plus pratique et économique de n’avoir qu’une référence.
SLU : Cela peut aussi passer par un travail sur la partie haute du grave délivré par les subs.
Janko Ramuscak : Oui, peut-être, mais est content du résultat tel quel.
SLU : Et la disponibilité des K ?
Janko Ramuscak : Ils seront présentés officiellement fin janvier 2019 et devraient être disponibles courant du premier trimestre de cette même année.
Vendredi 24 août : ouverture des portes !

La Grande Scène à 120 mètres environ. Cette année la décroissance est audible et permet à toute une partie de spectateurs de profiter d’un show assis et sans se crier dans le cornet. La régie son est à droite de la photo, celle des lumières à gauche.
Après un jeudi studieux mais où les systèmes n’ont joué que des CD, place au vrai live avec les premiers groupes de Rock en Seine 2018. Le GSL de la Grande Scène démarre pépère avec notamment First Aid Kit, un groupe parfait pour jauger le raccord entre le G et le K. Rien à dire, ça passe très bien avec juste une diminution du bas du spectre lié à la directivité des G et des subs.
Pour le reste la répartition du GSL au proche comme au lointain est remarquable malgré le choix de ne pas aller au-delà du bosquet fermant l’espace de la Grande Scène pour ne pas polluer l’Industrie.
A 120 mètres on mesure encore 108 dBC et 97 dBA avec une balance tonale très acceptable. L’idée même de rappels a été totalement abandonnée. Sans objet. Juste les GL-Subs s’aventurent un peu dans les différentes buvettes et autres stands démarrant à 200 mètres de la Grande Scène, mais le bas du spectre a toujours été un insoumis !
Kascade de bonnes sensations

Eric Barthélemy, co-fondateur et PDG de B Live. Remarquez derrière lui la note rappelant que 102 dBA est le LEq max pour ce festival.
Direction à présent la « Kascade ! » Quelques notes en live et tout rentre dans l’ordre. Les quelques doutes liés à l’écoute de musiques masterisées, au mix figé et à la phase parfois très farfelue, sans parler de la qualité intrinsèque du 44/16, disparaissent.
Le K est clairement nerveux, très précis, puissant et semble même un peu plus agile et facile que le G. Avec 14 têtes dont 10 en 80°, on a encore un signal très exploitable à 80 mètres même si l’énergie du grave des têtes commence à chuter vers 70 où l’on entend une bascule vers l’infra.
La gamme SL est directive y compris dans le bas du spectre ce qui fait chuter le niveau et l’impact du grave de la même façon que le reste du spectre quand mécaniquement on délimite sa zone de tir. Il sera malgré tout intéressant de disposer d’un preset « K-plein air » venant regonfler un peu le haut des SL-Sub.

Même si l’été n’a pas dit son dernier mot, la nuit arrive enfin et les lighteux peuvent sortir du bois leur console et commencer à encoder leurs tableaux. Quelqu’un peut m’éteindre la lune ?
Pour le reste, pas de point chaud à 0° et un bon mélange du gauche/droite sans trop d’interférences. La présence d’un couloir serré d’arbres sur la zone d’écoute ne facilite pas l’exploration de la polaire.

L’arrière de la Scène de la Cascade et…ça joue ou pas ? Oui, oui, un groupe joue et on l’entend. Il s’appelle Dron.
Pour un système qui a encore de beaux mois devant lui pour lisser et fignoler ce qui doit l’être, la dernière interrogation est levée à notre départ et où l’on fait exprès de passer par l’arrière du plateau.
Les artistes ont beau envoyer la gouache, 10 mètres après les crashs, on commence à entendre les conversations entre les équipes technique et de prod.
Mais ce n’est qu’en rejoignant le chemin qui ceinture par l’arrière toutes les scènes qu’on prend notre claque. On entend plus les groupes électro et leur ronron rassurant que la scène. Tout est dit.
D’autres informations sur le site d&b, sur le site On-Off et sur le site B Live
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