Artiste 2.0 et super pianiste, Peter Bence affole les compteurs des réseaux sociaux et désormais aussi le public en salle. Nous avons été à sa rencontre pour découvrir sa passion pour le son qu’il joue et produit, aussi avec l’aide d’Audio-Technica.
Mais avant toute chose, si vous ne connaissez pas l’artiste, tapez son nom dans Google et écoutez son travail et surtout le son de son piano ultra travaillé. Peter ne s’en cache pas, tout en adorant cet instrument, il ne cherche pas un son naturel mais bien un rendu gros et qui remplisse suffisamment l’espace pour remplacer tout ce qui compose l’arrangement des titres qu’il reprend à sa guise.
Il nous a reçus avec Bertrand Allaume, le spécialiste produit d’Audio-Technica, au Casino de Paris pendant une heure tout en s’échauffant les doigts. Qu’il en soit remercié, c’est rarissime. En attendant qu’il nous rejoigne, on a fait le tour des capteurs avec Bertrand.
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Deux des trois ATM 350a à condensateur, avec leur pied magnétique et leur flexible en deux tailles différentes.
SLU : C’est chargé en nombre de micros…
Bertrand Allaume : Oui, Peter a une technique de reprise très travaillée faisant appel à beaucoup de capteurs. Je vois par exemple trois ATM 350a à condensateur, les nouveaux modèles, montés sur l’accessoire aimanté permettant la fixation sur un piano, dont un pour le grave et un second pour le bas médium et le dernier pour l’aigu. On a deux versions de micros à col-de-cygne long et une en court.
En aérien, pour le son de base du piano, on a une paire d’AE3000, ici encore des statiques à moyenne membrane, des ¾ de pouce, très polyvalents et à l’aise sur de nombreux instruments. Ils ont le coupe bas enclenché sur le micro en charge de l’aigu et le pad à -10 dB sur les deux. La proximité avec les cordes fait que le niveau de sortie finit par être très élevé, d’où ce choix.

Les deux AE3000 dévolus au repiquage principal. Remarquez aussi en bas à droite le troisième ATM 350a en charge de renforcer l’aigu.
Peter Bence, artiste 2.0
L’arrivée de Peter Bence sur le plateau nous permet de bien comprendre cette prise de son et l’esprit de ce dernier.

Concentration, oreille précise mais aussi un réel plaisir de tous les instants chez Peter comme chez nous à le voir monter petit à petit en température.
SLU : Bonjour Peter. Qui a fait le choix de ce type de capteurs et leur placement ?
Peter Bence : C’est moi, mais sur conseil d’Attila Arki (General Manager d’Audio-Technica Central Europe) qui m’a proposé les modèles et leur placement, notamment dans les orifices du cadre pour repiquer une grande quantité de jolies basses.
J’ai ensuite fait évoluer la prise simplement par l’expérience et en écoutant le résultat concert après concert. Je ne suis pas à 100 % heureux mais on s’en approche, d’autant que je sais comment on va s’y prendre, notamment par l’emploi d’un plus grand nombre de ces micros magnétiques (les ATM 350a avec leur pied), quatre ou cinq au lieu de trois actuellement, pour aller au plus près de certaines parties du piano, en plus de la paire de capteurs d’ambiance.

Peter nous démontre la variété de sons qu’on peut tirer d’un piano ouvert, y compris et surtout sans jouer sur les touches. Bertrand Allaume n’en perd pas une miette.
Il ne faut pas oublier aussi que le piano lui-même change de salle en salle et qu’il a toute son importance.
SLU : Sur quel piano joues-tu ?
Peter Bence : Deux modèles différents. Le CFX Yamaha et le Steinway D, le Concert Grand.
SLU : Ils ne doivent pas avoir le même rendu…
Peter Bence : Pas tout à fait non. Il est possible d’opérer de petites corrections à la console, mais la vraie différence est due à l’année de production de chacun des deux. Celui de ce soir à Paris a 5 ans, mais j’ai joué dans d’autres salles sur des C7 Yamaha de 10, 15 ou 20 ans d’âge et ils sonnent différemment.
SLU : Il est accordé avant chaque concert, surtout que ton jeu implique un usage un peu plus… inhabituel (sourires)
Peter Bence : Il est accordé deux fois. Avant les balances et avant l’ouverture des portes afin qu’il soit parfait.

Le CFX Yamaha installé au Casino et nettement moins « secoué » que ceux qu’on voit dans les clips de Peter. Remarquez, d’autres ont fait ou en font autant… Jamie Cullum entre autres !
SLU : Est-ce que le repiquage en salle restitue bien ton jeu dynamique et parfois très percussif sur le châssis lui-même ?
Peter Bence : Pour tout ce qui est pizzicati c’est parfait. En revanche les sons de percussions à proprement parler sont générés par une pédale sur un pad que j’actionne avec mon pied. Il me faudrait sinon des pianos verticaux et je préfère ceux à queue. Enfin je me sers de boucles produites en studio et que je ne pourrais pas reproduire ici en direct. Elles s’ajoutent à tout ce que je joue en direct. Ma musique ce n’est que le piano et rien d’autre, c’est mon signe de reconnaissance avec le public.
SLU : Justement, tu parlais de 7 micros pour faire ton son. Tu ne serais donc pas satisfait par une captation plus classique.
Peter Bence : Non. J’entends beaucoup de pianos dans des concerts et autant je comprends que pour du classique il faut une couleur simple et propre, pour mon style de musique avec des morceaux de variété reconstruits autour du seul son de piano, je me dois d’obtenir la pleine puissance et plénitude du piano avec beaucoup de grave et de percussion dans le rendu.
SLU : La question me brûle les lèvres. Pourquoi dans ce cas ne pas utiliser un clavier maître Silent pour le look, mais aussi pour pouvoir jouer le pizzicato et la percussion via quelques micros, et un paquet de librairies de pianos empilées comme des crêpes à la Chandeleur pour avoir facilement un gros son.
Peter Bence : J’y ai pensé et à la maison je travaille et enregistre parfois à l’aide de mon clavier maître Roland en utilisant par exemple Keyscape ou d’autres samples de pianos, et je t’avoue que ça sonne effectivement super bien. Mais il me manque le piano, le vrai. Ca ! (il plaque un accord NDR) Si un jour on parvient à me faire une configuration démente et encore plus proche de la réalité qu’aujourd’hui, peut-être je basculerai, parce qu’un piano, aussi beau soit-il, manque de puissance et de grave.
Ce n’est pas à proprement parler un instrument du 21e siècle. Pour le classique cela convient parfaitement, mais pas pour mon style musical et c’est pour ça que je suis sans cesse à la recherche de « corps. » Il m’arrive d’avoir des commentaires sur YouTube de personnes qui s’étonnent que je ne montre pas mon bassiste (rires). Il n’y en a pas ! Tout passe par la captation et le mixage. Je ne double pas avec des synthés ou une basse, ce n’est que du travail sur ce qu’offre le piano.

L’AT5047, Un très beau micro à 4 capsules rectangulaires, aussi silencieux que précis, mais qui n’est destiné qu’au studio.
SLU : Tu as choisi Audio-Technica. Pourquoi ?
Peter Bence : Parce que j’aime beaucoup ce que j’obtiens comme rendu avec cette marque, sur scène comme en studio.
Bien entendu ce sont deux mondes différents et deux kits qui le sont tout autant, puisque j’utilise notamment des AT5047 qui n’ont rien à faire sur un plateau.
SLU : Une dernière question. Qui mixe chaque soir en tournée ?
Peter Bence : Pour le moment nous travaillons avec les équipes techniques son qui nous accueillent dans chaque salle, mais cela va évoluer dans la mesure où, par exemple, nous voyageons avec notre designer et pupitreur lumière. Nous allons avoir prochainement notre ingé FOH d’autant que le son, c’est ce qu’il y a de plus important (rires).
Potar, Lea et Pierre

Lea Mastrippolito, assistante technicienne son qui vient d’intégrer LE dépôt, la voie royale pour démarrer chez Potar, et Pierre Mounoury qui lui commence à le quitter et est en charge de l’accueil et de la console au Casino le soir de notre visite.
Le moment est venu d’aller à la rencontre de l’équipe d’accueil de Potar/Novelty qui équipe comme d’autres prestataires, certaines salles de Paris en matériel son et lumière sur d’assez longues périodes afin de réduire le coût pour les prods de passage.
SLU : Le système L-Acoustics et les lights viennent de chez vous alors…
Pierre Mounoury (accueil son au Casino) : Oui, avec une exception ce soir, la présence d’un kit lumière de Régie Lu/B Live dû à un show précédent celui de Peter, mais il sera démonté pour le remplacer par le kit Novelty.
SLU : Tu es donc accueillant ce soir (sourires)
Pierre Mounoury : Oui mais je ne fais pas que ça. Je suis Chef de dépôt chez Potar. On alterne ici avec Kevin Chaplain qui a la priorité sur ce site. On passe tous par le dépôt avant de sortir. (Léa vient d’y entrer à son tour NDR) J’arrive aussi au terme de ma période de dépôt et petit à petit je pars dans les salles, Casino, Cigale, Boule Noire, où nous avons des installations.
SLU : Tu nous détailles le kit son ?
Pierre Mounoury : A l’orchestre on a un gauche/droite composé de 5 Kara et 3 SB18 en montage cardioïde, le tout posé sur les ailes de scène avec en lip fill des 5XT. Accroché, on a un gauche/droite de 9 Kara avec un seul cluster central de 4 SB18 en montage cardio.
Enfin des X8 débouchent sous le balcon et des X12 complètent au balcon pour les côtés. Quand le public est debout, on retire les 5XT et on ajoute des X12 en infill. La CL3 Yamaha fait aussi partie du kit du Casino. On a 64 voies possibles en 48 kHz.
SLU : Comment s’est passé l’accueil de Peter ?
Pierre Mounoury : Très bien. Il a ses propres micros, les a placés, il est venu à la console faire ses EQ et son mix, effets inclus. Un collègue a lui a joué le piano pour qu’il puisse écouter et travailler dans de bonnes conditions. Un autre super pianiste. Pour moi c’est un vrai accueil, je suis en support.

La CL3 pas trop mal placée en fond de salle et, on voit des liaisons analogiques partir à gauche, l’interface permettant de jouer les boucles à partir d’un ordinateur piloté par un membre de l’équipe de Peter.
SLU : Et il a repéré que le piano avait été accordé un peu plus haut hier…
Pierre Mounoury : Oui, ce qui l’a gêné, d’autant que dans le show certaines séquences sont envoyées depuis la régie donc le raccord n’était pas parfait. Il joue avec des ears pour être dans le click. Ce soir tout va rouler.
SLU : A propos de rouler, comment ça se passe chez Novelty (sourires)
Pierre Mounoury : C’est différent. On sent à Longjumeau une mécanique plus grosse que dans nos anciens locaux de Bièvres.
Conclusion accordée en 432 Hz (car elle contient les schémas de l’univers)

Une belle enfilade de jeunes techniciens avec au premier plan et sur sa Yam, Pierre Mounoury, puis son assistante Lea Mastrippolito et enfin tout derrière, Valentin Bodier au pupitre pour le compte de Régie Lu.
Le défi est de taille. Remplir une salle de spectateurs d’abord et de gros son ensuite, en ne se servant que d’un piano (et quelques boucles). Cela est loin d’être évident, d’autant que l’essentiel du show de Peter Bence est composé de reprises de tubes pop surproduits. Il y arrive pourtant au prix de quelques contorsions comme un son de piano gonflé à l’hélium, d’une richesse spectrale et d’une densité qui ne trouverait pas sa place dans un arrangement « normal ». De la captation à la diffusion c’est une réussite.
Bon, allez, en pinaillant un peu, la quantité de grave nécessaire rend la pose de capteurs à même le cadre métallique du piano délicate, on entend un peu l’énergie du pianiste dans les subs notamment, via son jeu sur le pédalier, et insérer des coupe-bas irait à l’encontre du rendu souhaité.
Peut-être faudra-t-il passer tous les capteurs sur pied perche semi-lourd désolidarisé de l’instrument et ce, d’autant que Peter souhaite monter à cinq ATM 350a de proximité et sur support magnétique dans le futur. Ce serait chouette aussi d’avoir une belle réverbération externe et quelques snapshots pour faire évoluer un peu le son et les délais au cours du spectacle. La venue de son propre mixeur live avec ses idées apportera encore au plaisir en salle.

Peter Bence en train de se dégourdir les doigts. Le wedge est là pour apporter un peu de pression et un backup, les vrais retours étant ses ears, click oblige !
On retournera voir Peter lors de la prochaine tournée pour découvrir l’évolution de son repiquage piano à 7 micros et plus, tout est possible avec lui, et comme toujours, un grand merci à Bertrand Allaume pour son aisance technique et musicale.
Et plus d’infos :
Enfin pour Peter Bence et pour bien saisir le calibre du loustic, l’un des morceaux les plus énergétiques et au piano seul:
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