
L’AccorHotels Arena durant l’après-midi. Remarquez l’avancée de scène de 16 mètres incorporant en son centre un tapis roulant. Les Kara et KS28 qu’on devine autour du score board central ne font pas partie du show.
Christine and The Queens ou Chris, peu importe le nom, l’artiste s’est donnée sans retenue à l’AccorHotels Arena, bien portée par une grosse configuration L-ISA pensée par Vladimir Coulibre et un mix de Julien Decarne pour Melpomen.
Ce reportage est dédié à Pedro.
Mise en scène épurée, la musique et les paroles prennent une importance fondamentale, le son se doit donc d’être le parfait vecteur de deux heures d’un show capté en plus pour un direct TV.
SLU est présent pour cette dernière date parisienne et immersive avant une pause et un redémarrage en classique gauche droite durant les festivals d’été 2019.
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Nous sommes accueillis par Vladimir Coulibre, consultant L-ISA, Julien Decarne à la face, Christophe Rousseau aux retours et les équipes de Melpomen pour le groupe B Live dont Adrien Maupeu et Samuel Birais, un accueil serein malgré l’importance d’une date parisienne avec captation. C’est Vlad qui ouvre le bal des questions.
La genèse
SLU : Qui a eu l’idée et l’envie de passer le show en L-ISA ?

Vlad à gauche et Julien, un véritable tandem dans la création de l’infrastructure technique des dates immersive de Chris.
Vladimir Coulibre : L’idée d’aller au-delà du gauche / droite et de localiser les sources sonores nous trottait déjà en tête avec Julien (Decarne, ingé son face de Chris) et quand on a commencé à parler de la tournée de Chris, on a fait le choix de présenter le concept L-ISA à l’ensemble des acteurs, la production, les autres techniciens et bien sûr Eloïse.
L’immersif doit s’intégrer dans tous les corps de métier et doit être aussi intégré financièrement. Pour cela j’ai été sur le lieu de résidence à Saint-Omer et leur ai fait part des aspects techniques et artistiques.
SLU : Mais pas d’écoute
Vladimir Coulibre : Non, il fallait d’abord expliquer les avantages artistiques mais aussi les contraintes. Une fois obtenu un premier accord, nous avons travaillé avec Julien pour déterminer la configuration, on l’a budgétisée avec Melpomen, proposée à la prod et obtenu une validation.

A quelques détails près au sol, le méga système accroché à Bercy. De l’aveu même de Vlad, très confortable.
SLU : Quel est le parti pris de la diffusion et de l’immersion pour ce show ?
Vladimir Coulibre : Efficacité et rapport au live. Ce projet se rapproche du théâtre mais avec des instruments et doit sonner comme du live.
SLU : Et l’alternance entre dates L-ISA et dates en gauche/droite ?
Vladimir Coulibre : On a bossé la question avec Julien et on a pris le parti de créer le mix dans la console en G/D/ et ensuite de récupérer les signaux et « refaire » un mix L-ISA dans la matrice. La compatibilité en fonction des salles est ainsi garantie.
Il y a le Coulibre dans le texte et le Vlad face caméra. Et si on le regardait nous raconter son travail avec Julien et d’autres détails techniques hautement croustillants et peu interférents ? Cliquez sur la vidéo ci-dessous
SLU : Quel est le parti pris de la diffusion et de l’immersion pour ce show ?
Vladimir Coulibre : Efficacité et rapport au live. Ce projet se rapproche du théâtre mais avec des instruments et doit sonner comme du live.
SLU : Et l’alternance entre dates L-ISA et dates en gauche/droite ?
Vladimir Coulibre : On a bossé la question avec Julien et on a pris le parti de créer le mix dans la console en G/D/ et ensuite de récupérer les signaux et « refaire » un mix L-ISA dans la matrice. La compatibilité en fonction des salles était ainsi garantie.
Promenons nous dans le bois, pendant qu’les dB sont là
Quittons le bureau pour plonger dans la salle de Bercy où s’agitent les équipes de la tournée mais aussi celles propres à la captation qui va se dérouler en direct le soir même.

Une vue du déploiement Focus au grand complet avec 7 lignes pour la face de L-ISA et 2 autres en K2 pour les côtés.
SLU : Il y a donc beaucoup de bois en l’air…
Vladimir Coulibre : On a trois lignes de 16 K2 pour la partie Focus et deux fois 22 Kara pour compléter le déploiement de base de L-ISA, ensuite on a deux fois 14 K2 pour les sides et enfin deux fois 18 Kara pour les Extend. Au centre, derrière la ligne centrale de K2, on a deux fois 10 KS28 en montage cardioïde.
Comme on perd de l’énergie dans le grave près de la scène du fait de la longueur des lignes et du montage cardio, on a rajouté un peu de grave au sol avec 6 KS28 dont quatre centraux et les deux autres aux deux extrémités du plateau. La cohabitation se passe bien entre les deux niveaux de grave.

Le mapping du K2 central de 1 kHz à 10 kHz. Gros avantage d’un montage non interférent, l’aigu porte loin facilement.
SLU : Tu joues moins fort dans les subs en bas ?
Vladimir Coulibre : Non, au même niveau que l’ensemble accroché.
Comme il y a moins d’éléments et qu’ils ne sont pas proches les uns des autres, ce renfort de grave est étonnamment assez doux.
SLU : Comment as-tu filtré le système ?
Vladimir Coulibre : Toutes les têtes sont en full range ce qui donne beaucoup d’énergie dans le grave en mode Focus avec les 3 lignes de K2 où l’on concentre tout ce qui requiert du SPL dans le bas. Même les Kara apportent une assise qui leur permet d’effectuer une bonne transition avec les K2 des outfills.
La proximité entre la ligne centrale de K2 et les KS28 donne un excellent couplage sur l’octave 30/60 Hz sachant que les KS28 sont coupés au-delà. Pour compléter le déploiement pour le champ proche il y a 5 ensembles mono de doubles Kiva en lipfill et deux ensembles de 4 Kara en extérieur à cour et jardin.

La passerelle en deux éléments, plus pratique à déployer dans des salles de plus petite jauge en ne sortant du bahut qu’une des deux moitiés.
SLU : Pourquoi ce renfort en Kara ?
Vladimir Coulibre : On a une avancée de scène de 16 mètres, deux éléments de 8 mètres, incorporant un tapis roulant. Pour anticiper les dates parisiennes et la captation, j’ai fait en sorte de limiter le plus possible l’influence du K2 sur cette passerelle en le faisant « partir » un tout petit peu plus loin dans l’audience et en compensant par quelques Kara pour ne pas trop léser les spectateurs.
SLU : Pourquoi avoir désaxé la passerelle. Pour avoir un peu moins de voix ?
Vladimir Coulibre : Non, c’est un choix purement artistique et où qu’elle ait été placée, cela ne me gêne pas. La boîte du bas tape à dix mètres, donc il faut juste faire attention après. On a travaillé avec des plateaux FIR et ça passe très bien. Chris utilise un AD2 Shure monté en d:facto DPA.

Plus qu’un long discours, un graphique parlant. Voilà l’atténuation rien qu’à 30 mètres et à 10 kHz maximum. A 16 kHz et à 95 mètres, toujours pour 20% d’humidité relative, on atteint théoriquement – 48 dB
SLU : Est-ce que dans une salle comme l’AHA (AccorHotels Arena en 3 signes !) on peut se passer de délais ?
Vladimir Coulibre : Il était hors de question qu’on en mette, avec trois lignes de 16 boîtes on a largement ce qu’il faut, y compris pour le point le plus éloigné qui est à 95 mètres.
A la Halle Tony Garnier avec 3 x 12 K2 on était bon, on a juste un peu souffert à Toulouse où le chauffage dessèche trop l’air et à 20 % d’humidité, le son n’aime pas du tout. L’aigu à partir de 4 kHz plonge. Heureusement que l’arrivée du public a fait remonter l’hygrométrie !
On se balade en salle et on s’approche du plateau. L’absence de tout décor rend très visibles les petits stacks de deux Kiva qui dépassent légèrement la hauteur du nez de scène.
SLU : Vu le nombre de lipfill, j’imagine que tu joues en mono. Ils sont hauts…
Vladimir Coulibre : Oui. On aurait pu jouer en stéréo mais ça ne présente pas un très grand intérêt, on a donc pris le mono mixdown de la matrice. La hauteur des Kiva est nécessaire pour remplir les 10 mètres devant la scène jusqu’à l’entrée du système dont la boîte la plus basse culmine à 9,5 m.
SLU : Avec 16 K2, tu disposes d’assez d’énergie pour concentrer pied et basse ou bien tu profites des 32 autres boîtes pour y envoyer une partie du signal ?
Vladimir Coulibre : Les trois lignes centrales du déploiement Focus sont à 3,5 m l’une de l’autre donc assez espacées pour commencer à donner une ouverture au son, mais à la fois suffisamment proches pour garder de la cohérence dans le bas du spectre.
Si tu places ton pied sur la centrale plus sub, tu as une certaine pression, si tu as besoin de plus, tu ouvres ton pied sur deux lignes et gagnes 6 dB. Nous le faisons sur quelques titres et il n’y a pas de contre-indication.

Un mapping Soundvision simulant le rendu de la ligne centrale de K2 entre 40 et 125 Hz et montrant bien que cette boîte fait du grave et que d’autre part, une ligne de 16 génère déjà une concentration vers l’avant de fréquences pourtant quasi omnidirectionnelles.
SLU : Tu gardes de la cohérence alors que ton pied sort de deux lignes plus le sub ? Aussi cohérent que si tu le joues d’une ligne + sub ?
Vladimir Coulibre : Non, mais tu gardes une cohérence. Ce qui compte c’est de connaître à l’avance la quantité de contour que tu souhaites avoir. Si tu peux cantonner des sources riches en grave dans une seule des trois lignes centrales et obtenir ce contour, c’est l’idéal, mais si tu as besoin d’un peu plus de headroom, tu peux glisser entre deux lignes et obtenir une cohérence parfaitement acceptable. Dans le show de ce soir en plus la batterie bouge sur scène, donc, on la suit.

Un autre mapping très intéressant dans la mesure où il montre l’effet de la colonne avant de 10 KS28, la moitié donc de l’antenne de 2 x 10 accrochée. La répartition est remarquable et montre que l’énergie reste très importante même à près de 100 mètres. Quand la seconde colonne est ajoutée, la scène retrouve une grande quiétude. Enfin le placement des subs très près de l’agencement central de K2 élimine quasiment toutes les interférences.
SLU : Avez-vous fait le choix de placer des trackers sur les artistes pour bénéficier d’un suivi ?
Vladimir Coulibre : Non, cela ne nous a pas été demandé, mais c’est tout à fait possible et prévu dans la matrice. Quand tu abordes un projet de cette nature et de cette mesure, c’est bien d’y aller progressivement en respectant une méthode de travail très précise. Nous sommes partis avec Julien d’un gauche/droite et progressivement nous avons avancé journée après journée par des petites touches dans L-ISA pour ne pas se tromper, tout en gardant la pleine compatibilité du gauche/droite pour les dates qui n’ont pas permis le déploiement immersif.

Le positionnement des objets par rapport à la diffusion. Peu de profondeur et beaucoup de sources nécessitant SPL et contour, placées pile au centre.
SLU : As-tu perçu une forme d’engouement pour le rendu immersif ?
Vladimir Coulibre : Oui, mais j’ai fait le choix de ne pas me référer aux réseaux sociaux, mais plutôt à des gens qui vivent avec le spectacle sans spécialement travailler dans le son.
Je pense par exemple aux ouvreuses de la salle de Genève qui sont venues nous voir pour nous faire part de leur étonnement face à un son qu’elles n’avaient jamais entendu. Ce qui ressort en général ce sont deux remarques : une voix plus intelligible et un type d’écoute différent que les gens remarquent.
De très bons retours malgré une moyenne de niveau en LEQ15 de 95 dBA et 106 dBC ce qui peut sembler très sage mais est suffisant. L-ISA va changer notre manière de mixer car, par exemple, on n’a plus besoin de faire passer des choses en force.
La moindre inflexion s’entend, il va donc falloir qu’on apprenne à contrôler et même à écouter ce son qui arrive différemment et pour lequel on manque de repères. On parle beaucoup avec Julien de ces différences de ressenti.
A cour il se passe toujours quelque chose !
On laisse Vlad vaquer à ses 198 enceintes dont 76 K2, 88 Kara, 26 KS28 et 8 Kiva II, un truc de débutants, et on part à la recherche du moteur de tout ce bois.
La descente très bien peignée des câbles HP trahit sa présence à jardin, mais surtout à cour. Même si on peut mettre désormais l’esprit serein 3 K2 par LA12X, on est impressionné par leur nombre en LA-Rak II et en panières SSE, puisque l’ensemble du dispositif en bénéficie. Il y a 63 contrôleurs en tout soit 0,75 Mégawatt.

Sam Birais et à droite Adrien Maupeu devant les panières SSE au sol et les LA-Rak II posés par-dessus et correspondant à l’ajout L-ISA par rapport aux dates en gauche/droite.
Cette balade en coulisses nous permet de discuter avec Adrien Maupeu le chargé d’affaires et Samuel Birais le Responsable technique son, tous deux pour le compte de Melpomen.
SLU : Comment sont interfacées les deux matrices L-ISA ?
Samuel Birais : On a deux cartes MADI dans la S6L de Julien pour avoir une redondance. Tous les Direct Out de la console partent en double et en fibre en direction des deux matrices L-ISA qui l’acceptent directement.

La configuration de matriçage rigoureusement redondée et ondulée avec au-dessus la gestion des flux et des télécommandes en provenance de la console et en dessous les deux matrices L-Isa et leurs convertisseurs entre MADI et AES.
Une fois les signaux immersifs générés, on rentre dans les 6432 RME qui repassent le MADI en AES pour attaquer les LA12X qui ont deux entrées séparées A et B.
On aurait pu utiliser l’AVB mais par sécurité nous avons privilégié une solution plus rodée.
SLU : La bascule entre les deux configurations se fait au niveau des amplis…
Samuel Birais : Oui, il suffit de choisir entre entrée AB et entrée CD. On profite des 4 entrées de ce contrôleur. Avec LA8 on aurait été battu.
Être à cour permet aussi d’y rencontrer l’équipe retour en la personne d’Amandine Charré, honneur aux filles, qui se charge de la gestion de la grosse configuration Ableton, du ProTools ainsi que du plateau et de Christophe Rousseau qui mixe les retours.
Amandine Charré : J’ai en charge la config Ableton qui est télécommandée par le directeur musical de Chris, Bastien Doremus.
Je prépare et supervise la station. On enregistre aussi tous les soirs en ProTools chaque concert en exploitant le flux AVB en provenance de la console retours.
SLU : Vous travaillez en stage partagé ?
Amandine Charré : Oui, nous avons 128 entrées même si on ne les emploie pas toutes et, nous concernant, beaucoup de sorties. 24 en tout.
Christophe Rousseau : Je fais 12 mix différents.

La configuration Ableton redondée à gauche grâce à la paire de Radial SW8 et la station d’enregistrement ProTools à droite avec son Mac Pro en rack Sonnet.
SLU : Est-ce que le fait d’avoir au-dessus du plateau une telle quantité d’enceintes change quelque chose ?
Christophe Rousseau : Oui, c’est plus appréciable ! On n’a aucune onde arrière, c’est super propre. Par rapport à un gauche/droite c’est moins brouillon. Plus de sources et moins fort, ça nous va très bien. J’ai même dû ajouter du grave dans les ears du batteur car il en manquait un peu.

L’ensemble des liaisons de la tournée avec beaucoup d’américains et un allemand ;0). De haut en bas on a les chargeurs Shure, le récepteur double AD4D pour Chris et son secours, un 3732 Sennheiser pour des talks, le combineur Shure et 12 liaisons ears en PSM1000 pour les casques entre artistes, technique et prod.
SLU : A ce propos, quels ears utilisez-vous sur vos PSM 1000 ?
Christophe Rousseau : Des Variphone ES50. Quand je suis arrivé sur cette tournée tout le monde était déjà équipé, j’ai donc eu ma paire pour entendre de la même manière.
SLU : Comment fonctionne la redondance d’Ableton ?
Amandine Charré : Par le biais des SW8 Radial. Ils disposent d’une entrée A et B avec une référence et un seuil qui a été préalablement réglé.
Si notre référence passe en dessous du seuil, ça bascule directement. C’est d’ailleurs le cas maintenant en absence de signal.
SLU : Cette relative abondance de fils…
Christophe Rousseau : Est due à la captation TV de ce soir (rires).

La descente des lignes HP à jardin. 20 KS28, 46 K2 et 40 Kara. Comme nous l’a glissé Sam en se marrant : « la prochaine fois on va demander un blockeur ! »
Antipasti de conclusion
Ayant passé une longue journée dans l’Arena, nous avons pu écouter et apprécier longuement le déploiement inédit de près de 200 boîtes. Comme le montrent les graphiques fournis par Vlad, le grave est extrêmement homogène, qu’il soit issu du dispositif cardioïde de KS28 ou des trois lignes centrales de K2, le tout marchant très bien aussi ensemble.

Soundvision qui d’année en année s’étoffe. Le SPL Target par exemple est la répartition SPL choisie et due, par exemple, aux angles inter-boîtes le tout étant ensuite peaufiné à l’aide d’outils comme les plateaux FIR.
La transition entre le système immersif et les side en K2 est vraiment « seamless » comme disent les anglo-saxons. Ça passe super bien sans changement de couleur et de densité, mieux qu’avec L-ISA Wide où l’entrée de K2 dans Kara, apporte une assise trop agréable.
L’image ouvre bien avec forcément moins de largeur pour les spectateurs sur les côtés mais rien de comparable à ce que donne un pauvre G/D où à part à la console… Une balade en fond de salle prouve le bien-fondé des choix de Vlad, l’aigu arrive encore, même si un peu plus dur. A salle pleine on retrouve, comme il se doit, encore plus de cohérence et de précision. Un très beau travail de conception et de mise en œuvre du système qui pourra être encore plus exploité artistiquement à l’avenir.

Un des moments forts du show, la chute d’une quantité phénoménale de cotillons en vélin blanc dans le plus parfait silence et qui, près de 5 mois après, continuent de sortir de nos sacs photo, on ne vous parle pas des consoles…
Au-delà même de L-ISA, on est à l’orée d’un profond changement dans la reproduction d’un son amplifié qui va nous obliger à changer nos habitudes, encroûtés que nous sommes dans le gauche/droite et ses délicieuses marguerites si apaisantes. Aujourd’hui quand on ouvre, on lance en réalité la bataille du son où le SPL s’automutile, nourri par les quantités de bois en terre et en l’air.
Avec l’immersif et L-ISA, on se prend à plagier la merveilleuse scène de Un idiot à Paris avec Bernard Blier : « finie la petite stéréo, finies les vacances de vos doigts, finies les interférences…» Le son sort avec une facilité et une cohérence nouvelle mais qui ne pardonne pas grand-chose. Sans le masque interférentiel de la double mono, on retrouve des couleurs, de l’impact et un certain mordant.
L’impression de « satiété acoustique » arrive au moins 3 dB plus bas et toutes les sources gagnent beaucoup en précision dont la voix lead qu’on redécouvre sans avoir besoin de la corseter dans les chaînes dynamiques d’antan. Désormais on n’entend plus qu’elle. La dynamique, peut être travaillée plus finement à la lumière d’un rendu beaucoup plus fluide et analytique.
Mixer pour de l’immersif et pour un gauche/droite sont deux démarches acoustiques et artistiques différentes et penser qu’on peut éparpiller ce dernier en substituant au panoramique la matrice, ne paraît pas un bon calcul. Il faut travailler ses sources et sa dynamique autrement.
Du coup, ce qui est vrai en classique où L-ISA a fait ses preuves et apporte enfin l’air à ce style musical, l’analyse et la masse orchestrale en 3D que le gauche/droite ne fait qu’esquisser maladroitement, n’en est qu’à ses débuts en variété. Les formations L-ISA dispensées par L-Acoustics durant 3 jours et dont on nous a dit le plus grand bien, parlent aussi mix, mais il serait bon que les écoles de son s’y intéressent aussi très vite.

Au pays du son de demain, quelques goodies qui nous rappellent que du bon son, ça se fait avec ce qui sonne, même si c’est vieux ou analogique. Surtout diront certains !
Reste maintenant à trouver un équilibre satisfaisant entre coût d’un déploiement L-ISA et apport tangible vu côté public dont il faut souligner la plus grande difficulté à percevoir ce qui nous semble si évident. Il faudra sans doute passer plus de temps à construire les shows en scénarisant plus le son dans l’espace, en accompagnant le chanteur dans ses déplacements et en mettant une dose de folie dans le rendu, sans perdre pour autant le « boulet central » la signature propre à tout concert.
C’est probablement à ce prix que le public reconnaîtra et plébiscitera l’immersif qu’il connaît bien pour l’entendre notamment au cinéma depuis belle lurette. L-ISA, et tout système par objet, devra apporter autant de liberté et de spontanéité à un show que les liaisons HF l’ont fait, quitte à rajouter un peu de bois sur les côtés ou à l’arrière pour ne jamais perdre la relation son / artiste au cas où ce dernier part en balade en salle. On aimerait aussi avoir un K3, 3 comme trois moteurs permettant de dépasser les 110° sans perdre du SPL au lointain et un Kara 2 avec des L-Fins et deux moteurs pour les mêmes raisons. 110° en immersif, c’est vraiment trop court.
Quoi qu’il en soit et dans l’attente que le Père Noël plein de fils de Marcoussis nous gâte, place aux artistes et à leurs techniciens de talent bien formés pour exploiter toujours mieux les ressources actuelles. Une chose est certaine, on n’a jamais rien trouvé de mieux que l’air pour y mixer du son.
Pedro Peixoto qui a travaillé sur cette tournée s’est éteint le 30 mai. Ce reportage lui est dédié. Un dernier mot de celles et ceux qui le côtoyaient.
Pedro était un mec en or ! Toujours positif, toujours serein, toujours pro !
Le simple fait de le voir arriver et de nous dire bonjour nous plaquait déjà un sourire sur le visage !
Quel plaisir de travailler avec lui !!!
Il était aussi brillant, consciencieux, rigoureux que généreux, humble, drôle…
Toutes les équipes de Melpomen s’associent à ses proches et à sa famille pour lui rendre un grand hommage.
Qu’il repose en paix . . .
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