Avec les gars de Freevox on a fait venir un de ces nouveaux monstres de Dallas, Texas, United-States. Débarrassé de son carton de transport, ces 33 kg posés sur le banc de test d’un seul élan, le VL10 BeamWash se dévoile brut comme un verre de bourbon.
Le concept de néo-rétro, si on essayait de l’appliquer à un luminaire, irait comme un flight à ce VL10.
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De loin on garde une ligne simple mais musclée, de grands capots plastiques ajustés et les fameux rails Vari-Lite pour les crochets. Pour l’anecdote la base du projecteur est celle du VLZ et le corps identique, ou presque, au VL2600.
On plante une lentille bien maousse en sortie, quatre grosses poignées de transport super pratiques, surtout celles au-dessus de la lyre, et on change les ouïes de refroidissement en ligne par deux larges évents triangulaires.

La différence se fait sur les petites poignées en hauteur, façon Chopper. Celles de la base sont extra-larges, pour une vraie tenue de route. Impossible aussi de louper le blocage de tilt, personne ne le cassera à la première embardée.

Un museau hors-norme surplombe le phare avant. Autour, une énorme corolle pour tenter de canaliser ce canon à photons.
Le design

Une des marques de fabrique de ce VL10 sont les entrées d’air surdimensionnées. Entre les grilles de la base, les filtres à air et le dosseret équilatéral, tout est prévu pour la ventilation.
Pour la déco, rien d’extravagant, on distingue juste une large étoile Vari-Lite gravée sur les capots. Le carénage, loin de la ligne épurée du 3000, joue avec des replis de plastique en courbes pour donner du caractère à ce VL. Il se dégage de l’ensemble une impression de fusion. Avec un peu d’imagination, c’est comme si le projecteur commençait à fondre !
La machine est assez balèze avec une gueule de bazooka appuyé sur une base très fine, équipée à l’inverse d’un discret menu et de la connectique. Le côté rétro on l’a. Le côté Néo aussi, quand on la soulève. Avec les nouveaux plastiques et l’électronique, le projecteur a gagné en poids et en vitesse. Souple et sport, comme une conduite d’Harley.
La Navigation
Je vire les gros leviers de blocage sur la lyre, plante la PowerCON True1, la tourne d’un quart, mets le contact. L’écran démarre. Un peu trop petit à mon goût, il reste lisible et annonce sa procédure de reset. Au bout de 90 secondes j’accède au menu grâce aux quatre flèches, la touche ESC et celle de validation.

Un coup d’œil à l’écran concis du VL10 ne suffira pas à déterminer où vous en êtes. Mais un deuxième plus appuyé nous révèle que le menu Address, un peu plus large, est celui sélectionné.
Si toutes les options sont claires et lisibles, je trouve la navigation un peu particulière. La faute sans doute aux touches assez sensibles sans retour de pression et l’absence de rétroéclairage de menus se ressemblant un peu. je me suis un peu perdu dans les activations. Ceci dit, en quelques secondes je prends le coup de main et paramètre le mode puis l’adressage rapidement. On règle chiffre par chiffre sans avoir à défiler les 512 canaux possibles. Assez pratique.

On est sûr que tout fonctionne correctement. Pour l’instant la lampe est éteinte, le projecteur en mode 16 bits extended, adressé en 1. Et on est sûr d’avoir affaire à un VL10 BeamWash.
Outre le DMX compatible RDM, c’est le bon côté Néo, je trouve aussi de l’ArtNet, séparé en classe d’IP 10.X.X.X ou 2.X.X.X. Réglage d’IP, mask et univers côtoient les menus de test, contrôle manuel, configuration et services habituels. Le technicien expérimenté pourra lire les paquets DMX reçus, recalibrer tout un tas de fonctions mécaniques ou transférer une mise à jour entre plusieurs VL.
Inspection
La source
La version du VL10 BeamWash est à jour, V1.2.3A, le bolide est à peine à 414 heures de vol, 306 heures d’utilisation pour la lampe. Stéphane Caria, chef produit lumière de Freevox, prend la décision de l’équiper avec une lampe neuve. On va voir comment ça se passe.
L’alim est retirée, la machine verrouillée à 90 degrés, le cul face à nous. Pour le capot de la lampe trois coups de cruciforme suffisent, sur les vis notées A-B-C. Les quatre autres tiennent un filtre poussière situé juste derrière la grille arrière. On arrive direct dans la cage à lumière.

La manip pour changer la lampe est à la portée de tous. Une fois la plaque arrière dévissée, il suffit d’ôter les 2 connecteurs rouges, de desserrer la vis qui maintient l’espèce de circlip en métal entourant la lampe, puis de sortir celle-ci en la tenant par la céramique. Et d’effectuer cette opération dans l’autre sens avec une lampe neuve. Le plus long sera d’attendre le refroidissement intégral des éléments avant d’intervenir.
La source est une lampe à décharge fabriquée par Philips, sur la base d’une MSD Platinum 25R de 550 W. Ne pas se fier à sa mignonne collerette azur autour de sa céramique, cette lampe est un concentré de lumens, la plus puissante de sa catégorie, capable de projeter 24 500 lumens dans un axe hyper serré.
Elle ne fait ni dans le détail ni dans la poésie. Recouverte d’une pâte calorifique, elle se branche avec les deux connecteurs d’alimentation et s’enquille dans le réceptacle avec son loquet de ferraille en maintien. Pas de réglage de point chaud, ni d’ajustement. Une fois rentrée, elle ne bougera plus, envoyant des lux tête baissée.
Maintenant qu’on a commencé le démontage autant continuer. Pour débarrasser la machine de ses capots, on reste dans la facilité. Deux vis cruciformes quart-de-tour et l’affaire est pliée, les pièces de plastiques sont retenues par une courte élingue.

Vu de l’intérieur, le VL10 se compose d’une boîte à lumière surmontée d’un large ventilo, d’un bloc trichromie, d’un autre bloc gobos, suivi par l’immense conduit optique où se situent les effets et le zoom.
A l’intérieur des couvercles, sous la fente triangulaire, d’autres filtres à poussière sont tenus par 4 vis. Vu le nombre de ventilateurs nécessaires pour refroidir la lampe, j’imagine qu’il faut penser à les nettoyer régulièrement pour assurer une circulation d’air optimum.
La boîte à lumière est prise en sandwich entre deux larges ventilateurs 7 pales. J’aperçois aussi des turbines placées directement sur les cassettes d’effets.
L’optique
On voit dans le bloc à l’avant deux jeux de lentilles sur rail à coulisse. Le débattement traverse la moitié de la machine, avec une partie avant pour la focalisation et en retrait le zoom.
En faisant varier les deux, on obtient un rapport de 2,3 à 44°, presque vingt fois la mise, et la netteté qui suit presque d’un bout à l’autre. Par contre il faut faire gaffe durant le démontage, le système reste libre et va toucher la cassette de gobo à l’arrière. D’ailleurs pour protéger l’optique, la lentille finale possède deux butées enrobées de caoutchouc qui viennent s’appuyer sur le large caillou de sortie, un hublot de 180 mm lisse comme une boule de cristal.
Les effets
Les effets ne manquent pas dans le VL10. À commencer par les bras d’insert de frosts et prismes directement dans le conduit optique, entre les deux lentilles. Avec sa lentille claire et sa lampe sur-boostée la BeamWash fournit logiquement un faisceau acéré.
Donc, pour adoucir ces bords, Vari*Lite a placé deux lentilles brossées sur des leviers motorisés. Le premier permet de flouter légèrement l’image d’un gobo par exemple, le deuxième éclate beaucoup plus le faisceau, pour métamorphoser le Beam en Wash.

Les verres de frost s’insèrent directement dans le conduit optique, sans réelle progressivité. Par contre ils peuvent se cumuler, comme les prismes. Et eux possèdent en plus un disque cranté pour assurer leur indexation ou leur rotation.
De l’autre côté il y a sensiblement le même système mais là avec deux prismes. Le premier est un indispensable circulaire à 8 facettes, le second un linéaire assez serré à 4 tranches. Ce qui est curieux c’est leur emplacement.
Tout comme les bras de frost, les prismes encadrent le conduit optique, dont la majeure partie est réservée au chariot coulissant de zoom.
Sans doute le meilleur compromis possible pour profiter d’un maximum d’effets. Forcément, lorsque le rapport de focales demandé est trop important, les lentilles vont devoir reculer au maximum. Dans ce cas-là, les leviers de frost et prismes se retirent automatiquement du faisceau pour les laisser passer.

Au niveau du bloc gobos, juste avant le ventilo, deux paires de vis sur les contre-plaques argentées extérieures retiennent deux petites lamelles, qui elles-mêmes bloquent toute la cassette gobos. Une fois retirées, on peut sortir toute la pièce vers le haut sans soucis. Enfin, ne pas oublier les deux connecteurs du dessous.
Je démonte la corolle autour de la lentille frontale. Comme pour les capots, elle tient par quatre vis et une élingue assure la sécurité. Il n’y a pas grand intérêt à enlever cette pièce, hormis pour certains accès de maintenance et de nettoyage, mais ça permet aussi d’y voir plus clair. Maintenant lancé, on remonte jusqu’à la cassette de gobos, un mille-feuille électrotechnique.
D’habitude les constructeurs assemblent plusieurs disques remplis de pastilles de couleur ou de motifs découpés appelés ‘GOes Before Optics’, les GO B O donc. Ces formes sont réparties en cercle et mesurent quelques centimètres.

Le fameux disque de roues d’animations est pris en sandwich entre les couleurs et les minuscules gobos standard. Les deux turbines avec leur bec embouti envoient de l’air sans faire dans le détail.
Dans le VL10, l’espace de projection est tellement fin que les gobos de la première et seconde roue font à peine la taille d’une pièce d’un centime. Et ce qui ressemble à une troisième roue de gobos est en fait une série de cinq disques d’animation.
Seule une partie de leurs formes passe dans le faisceau, du coup quand on fait tourner les disques, cela crée un défilement continu, au lieu d’une simple rotation de forme. Mettre cinq roues d’animation sur un seul disque est une idée incroyable, une véritable innovation !
On poursuit l’inspection en détaillant les nombreux moteurs micro-pas, ressorts et roues crantés qui indiquent une construction assez classique, et fiable. Plus original, encore un signe de la puissance de la lampe, les nombreuses turbines placées au plus près du conduit optique pour refroidir en permanence les éléments mécaniques, soumis à un feu calorifique inédit. Ça doit souffler fort dans la machine !
La roue de couleurs est composée de pastilles de teintes franches collées sans bords de façon assez artisanale, avec une sorte de silicone haute température.
La cassette de trichromie tient aussi avec quatre vis sur glissière, et deux connecteurs d’alim et data. On est dans le rustique cette fois, avec ces demi-drapeaux de trichromie coulissant en chevron.
Les lamelles sont en biseau, légèrement angulées, Je penche pour un gain d’homogénéité.
On finit par atteindre le premier élément, l’ensemble de gestion d’intensité et strobe. L’élégance laisse sa place au fonctionnel. Devant la lampe, un verre anti-calorifique est collé artisanalement.

Un montage bien rock avec les deux supports en fer brut, de la ventilation tout autour et des parois anti-chaleur. On ne se promène pas en escarpins dans les forges de Vulcain.
Le dimmer c’est une double lame métallique qui vient saucissonner le faisceau.
Les canines placées au bord, recouvertes d’une plaque dépolie, assurent la progression de façon assez brute, sans finesse, ni mécanisme alambiqué.
Mais Vari-Lite assume complètement ce côté rétro, le VL10 est là pour envoyer la sauce sans se poser de questions, et il le fait parfaitement.
Les bras
Je continue le démontage de la lyre et du socle. D’un côté un moteur pour le tilt avec une transmission directe par courroies entre les deux roues crantées, et une paire de ressorts de compensation. Au milieu le passage de l’alimentation principale vers la tête. Et de l’autre une carte électronique, pour la gestion générale. Ce qui se voit en dessous c’est le moteur du Pan.

L’intérieur des deux bras est épuré au maximum. Hormis le déplacement du moteur principal vers la lyre, sans doute pour gagner de la place dans le socle et équilibrer le poids des deux bras.
La base
Dans la base, même combat. Quelques vis suffisent à ouvrir le socle. Léger étonnement devant le vide à l’intérieur. Hormis l’axe de rotation de la lyre, il y a juste un petit transfo d’alim sur un côté, et la carte du menu, mais la lampe Platinum nécessite peu de courant.

L’absence de ballast ne manque jamais d’étonner, mais la lampe Platinum nécessite peu de courant. Les deux grandes ouvertures circulaires de part et d’autre étaient sans doute prévues pour recevoir des ventilateurs, finalement inutiles.
Les connecteurs sont entourés avec des torons anti-interférence et débouchent sur un connecteur d’alimentation PowerCON True1, deux XLR5 DMX In & Out plus le port RJ45 pour le réseau. Un fusible clôt le bal.
Allez, on remonte tout ça, il est temps de passer aux mesures.
On va commencer par les temps de réponses de mise en route, allumage et les mouvements simples. Alors, temps d’allumage de la machine, reset compris : 90 secondes. On est dans la moyenne. Le tour complet en PAN : 2,02 s. Et le demi-tour de Tilt : 1,29 s. On essaie le zoom à vide : 0,82 s.
Vraiment pas mal pour une machine de cette taille. En plus elle est assez nerveuse, tout en restant fluide dans ses déplacements. J’allume la lampe : 13 secondes d’amorçage. Tout va bien.
Le flux part en même temps que la soufflerie de la machine. On passe de 31 dB de bruit ambiant à plus de 56 dB en fonctionnement, on est presque en échappement libre. Je mesure 55 degrés sur le capot arrière, à l’avant ce n’’est même pas la peine d’essayer. Ça va être dantesque je sens !
Une fois les données de luminosité collectées je les rentre dans l’ordi, qui me les recrache sous forme de graphiques. J’ai amené la doc de la lampe Platinum pour comparer. Il y a trois choses importantes : la première c’est la compacité de cette lampe à arc très court. On a donc un faisceau très fin et peu de déperditions. L’inconvénient, c’est forcément un point chaud très important et de plus grandes difficultés à régler la focale.
Ensuite il y a le flux lumineux global et la consommation. 24 500 lumens pour 550 W, c’est un bond gigantesque par rapport à la concurrence qui utilise des lampes Sirius HRI ou des Platinum 21R de 470 Watts. Pour 20 % de consommation en plus, les ingénieurs de Philips ont réussi à ajouter 50 % de flux. J’ai fait les comptes plusieurs fois, aucun doute là-dessus. Enfin, rayon colorimétrie de cette lampe, on tourne sur une lumière vraiment froide à 7800 K, et un indice de rendu des couleurs à 81, vraiment correct.
Tiens, d’ailleurs parlons du flux de sortie de la VL10, c’est-à-dire du flux généré réellement en sortie du projecteur, une fois toutes les optiques et lentilles traversées. On a répété l’opération sur quatre valeurs de zoom, tant ce facteur a une incidence sur la valeur de flux. Mais on va observer aussi l’éclairement au centre. Pour un Beam, ce point chaud c’est ce qu’on va chercher pour déchirer l’obscurité, quitte à perdre en équilibre. L’attaque, en rock, c’est primordial.
Faisceau serré au plus petit net
Première mesure, faisceau serré au maximum. Pour ne pas saturer le luxmètre et brûler notre cible, on recule le VL à 10 mètres.
L’impact du faisceau à 10 mètres sur la cible mesure 20,5 centimètres de rayon, soit un angle au plus serré de 2,35 degrés, réglé au net, à deux doigts des 2,2° annoncé par le constructeur. Les valeurs de flux obtenues sont élevées.
484 000 lux au centre à 10 m soit 1,936 millions de lux ramené à 5 mètres et 21 583 lumens de flux, Le VL gagne sur les deux tableaux, aidé par une lampe exceptionnelle, dont l’angle natif lui fait perdre très peu de force dans les couloirs optiques de la VL10.
Bien sûr, le faisceau est brut de pomme, la répartition de lumière est loin d’être homogène mais personne ne peut s’en plaindre.
Faisceau Spot large au plus grand net
Nous revenons à 5 mètres de la cible. Les mesures à grand-angle, ouverture max, confirment toute cette puissance sauvage. Ouverture de 43,4°, impact de 8660 lux au centre à 5 mètres, 22 400 lumens de flux, c’est encore plus impressionnant. Le point chaud est ultra-présent, le faisceau décentré de quelques centimètres, le choix de Vari-Lite se confirme. On envoie de l’énergie, quitte à tomber dans la disto.
Faisceau 20°
Toujours à 5 mètres, on va passer à 20° de zoom, la meilleure valeur pour qui veut comparer plusieurs modèles. Je ressors de mes archives la photométrie des projecteurs Beam sortis en 2017 et 2018 dont les lampes à arc court de 470 W, sont assez comparables. Le VL10 est loin devant, avec presque 23 000 lumens de flux devant les 15 000 de ses prédécesseurs. Cette puissance est portée par l’utilisation d’un minimum d’éléments optiques. Le faisceau du VL10 est tranché, marqué par un énorme point chaud sans compromis. Le Flat Beam, il ne connaît pas.
Colorimétrie
Sur la colorimétrie c’est pareil. Il est plus froid, vers 6300K, avec un IRC en dessous de 80 et une absence remarquée de CTO progressif, de filtre minus-green ou autre. C’est rock, un point c’est tout. Les couleurs sont aussi plus profondes, avec des courbes d’absorption assez élevées.
En Wash
Même avec le frost Wash enclenché, le VL10 ne calme pas ses ardeurs. Ce filtre lui sert surtout à ouvrir jusqu’à pratiquement 60° en réel, mais toujours avec une bosse dans le faisceau et beaucoup d’énergie sous le coude.
Le dimmer
Quant au dimmer, la linéarité n’est pas vraiment sa préoccupation.
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Le test en conditions
Il est temps de passer aux choses sérieuses. On va envoyer de la fumée, brancher la bête à une console et enfin s’amuser avec. Let’s go !
J’enclenche le dimmer et commence à pousser le potar. Effectivement, l’intensité à tendance à partir comme une fusée, mais l’impact est incroyable, l’impression de piloter un missile. Je serre au maximum, le focus vient tout seul faire la netteté.
Vidéo de présentation
Le faisceau est métallique, froid, avec une pointe très présente, qui fait comme une flèche au milieu de la projection. La lyre, tout comme le zoom, est rapide, vraiment nerveuse pour une machine de ce gabarit et le VL reste toujours stable. La large lentille de 180 mm donne beaucoup de matière à la projection, sans cette espèce de sablier typique des lampes Beam, et ça, j’adore.
L’ouverture est incroyable, avec toujours beaucoup de puissance en sortie et ce double corps lumineux. En projection pure, beaucoup de petits défauts apparaissent, comme ce focus décalé. Avec une telle marge de focalisation il va falloir multiplier les presets de netteté. Je cherche les extrémités d’utilisation du couple zoom focus et je sors vite dans les ornières, comme un motard imprudent. A plusieurs reprises je provoque un doublement d’images fantômes, que je reconnais comme des reflets résiduels des lentilles internes.
Oui, on va essayer avec les frost. Le premier, l’Edge, donne de légers bords adoucis. Je passe au frost suivant, le Wash. Les deux ne sont pas linéaires mais très efficaces pour passer en un éclair d’un Beam à un Wash, et ils s’avèrent excellents en contre.
Si le Wash permet de gagner un peu de couverture, je lutte toujours avec l’intensité. On distingue une sorte de voile qui se referme comme un rideau, avec un point chaud qui apparaît à 60 % de la course environ.
Difficile de se servir du VL10 pour de la face ou de la projection, mais ce n’est clairement pas le but. Et le bruit continuel de la ventilation risque de dissuader ceux qui voudraient l’amener dans un théâtre ou en auditorium.
Il y a une vraie collection de gobos que l’on peut séparer en trois catégories :
– Roue de gobos 1 typée Beam, avec huit formes super simples directement gravées dans le disque de métal, plus 4 réducteurs de faisceau pour remplacer l’iris. Du très basique, mais toujours efficace mélangé à un prisme ou avec un peu de frost.
– Roue de gobos 2 pour du volumétrique. Les huit fonctionnent tous très bien, avec beaucoup de présence en contre et beaucoup de choix. Pas d’effet de mode avec des gravures super fines qui claquent sur le papier mais ne donnent rien en Live, ici on va droit à l’essentiel, un tour de rotation et l’effet fonctionne. Et pour ceux qui veulent aller plus loin, ils sont tous interchangeables.
– Roue de gobos 3 pour les habillages et effets. Avec cette panoplie inédite de gobos d’animations, que Vari-Lite appelle VL-FX, je saute au plafond. J’ai l’impression de retrouver mes vingt ans devant mes premières VL. Les cinq disques effectuent des passages radiaux dans le faisceau, et ça transforme tous les autre gobos. Je retrouve le fameux multicolore cher à Vari, le Glass, un multi-trou et deux autres aux formes étudiées pour l’animation.
Les paramètres foisonnent sur la VL10. Il y a un mode super intéressant de défilement des gobos et prismes en pas à pas, le MegaStep, ainsi que l’option ‘shortest path’ par défaut pour trouver le chemin le plus court d’un gobo à l’autre.
Sur les deux prismes nous restons un peu sur notre faim. Déjà à cause de légers décentrages, comme sur les gobos, et aussi parce que les deux, le circulaire 8 facettes et le linéaire 4 facettes, pâtissent un peu de leur emplacement.
Comme vu lors de notre démontage, sur certaines valeurs de zoom poussé à l’extrême, ou avec les frosts, ils ne peuvent pas s’enclencher mécaniquement. Pas toujours simple à anticiper. Ça dépend vraiment des situations. Et le linéaire se retrouve compressé dans si peu de place qu’il semble grignoté sur les côtés. Cependant, c’est encore une fois dans les mélanges qu’ils révèlent tout leur intérêt.
Passons à la dernière partie, et pas des moindres, avec les couleurs
J’ai toujours en tête les teintes Vari-Lite, vraiment expressives, on va voir si on reste dans une vague américaine. Tout le monde ne jure plus que par la trichromie, à croire qu’en dehors des macros automatisées, plus personne ne sait programmer de couleurs. Justement, dans ce cas commençons par la ColorWheel.
Dix teintes, plus le blanc, sans transitions entre elles. On trouve quasiment que des couleurs pures, avec l’avantage d’un recouvrement complet du faisceau, sans perturbation. J’enchaîne un rouge assez sanglant, un bleu plutôt urbain, un jaune un peu vert, un peacock saturé, un magenta presque carmin, un CTO très chaud, bien bas, un violet, un vert électrique, un orange provenant de Mars et un UV de maison hantée. Des couleurs hyper contrastées, qu’on imagine trouver dans les parcs de loisirs américains, où le trait est autant forcé que dans un concert d’Heavy Metal.
Les drapeaux de trichromie se marient bien, avec un passage un peu voyant dans le faisceau. Les trois composantes primaires de la trichromie soustractive, les cyan, magenta et jaune, sont aussi très denses, avec des mélanges profonds. Les teintes pastel sont un peu plus à la traîne, surtout avec ce point chaud toujours très présent. On retrouve l’esprit des atmosphères saturées, ça sent comme une ville sous les néons, avec ses lumières froides, incisives et un peu clinquantes. Entre la démesure de Las Vegas et la nervosité de New-York.
Final
Je m’étais trompé sur le Rock’n’roll, et sur la disparition des icônes scéniques. Il y a encore la rage de jouer, et l’énergie d’éclairer. Le VL10 n’est pas qu’une machine du passé, elle est la preuve qu’on peut exister avec panache, malgré ses défauts ou son caractère.
Bien sûr, elle ne sera jamais à l’aise accrochée sur la balustrade d’un opéra ou dans le ronron d’un studio TV. Elle est faite pour brûler les planches et pour survoler les concerts avec son faisceau coupé dans un éclair, ses couleurs saturées et sa collection d’effets taillés pour le Live.
Avec une telle puissance sous le pied, on a pris un kiff à mélanger les animations et les gobos. Perdus au milieu d’une forêt de leds, nos VL10 prennent l’ascendant, et font l’article. Une fois le groupe sur scène, les amplis dans le rouge et l’intro de bûcheron à la batterie, on oublie ses quelques défauts, la BeamWash se révèle comme une Stratocaster.
Long Life to Vari-Lite !
Les tableaux
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