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Soprano fait salle comble avec Popeye et Cyril Poirier

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Soprano, c’est l’homme qui avale le goudron et les dates comme un champion, et risque de battre tous les records de fréquentation en 2017. Nous avons été à sa rencontre lors de son show au Centre des Congrès d’Agen. Nous y avons découvert un artiste adorable et généreux avec son public, une grosse équipe, un beau système, des lights très créatifs et un public vraiment heureux. Autant dire que les spectateurs en ont pour leur argent !
La petite salle d’une jauge de 3800 personnes est belle et assez saine. Comme du son joue à notre arrivée, on en profite pour se balader et écouter le rendu des murs et du système L-Acoustics déployé. Le gauche droite est constitué de 4 K1-SB prolongés par 8 K2. Au sol 2 stacks de 2 KS28 entourent le plateau et portent chacun deux Arcs Wide pour déboucher les côtés mais des formes assez évocatrices dans le tissu trahissent la présence d’autres subs sous le plateau. Plein d’autres.

Quelques essais lumière de Victorien Cayzeele qui mettent bien en exergue le système principal et aussi, regardez bien, les deux douchettes de 4 Kara. Les deux podiums surélevés sont les deux postes de travail de Florian « j’joue de tout » Rossi à gauche et Mej Mazari aux platines à droite.

4 Kara débouchent les lécheurs de crashs et deux petites lignes de 4 Kara, chacune placée en douche, viennent remplir ce que les K2 laissent un peu dépourvu. En haut des gradins, une dernière volée de sièges complète la capacité de la salle et bénéficie d’ajout de quatre X12 pour redonner brillance et vie au rendu de cette zone qui peine logiquement un peu dans le haut du spectre…

Le centre des Congrès d’Agen en mode grande jauge et dont on aperçoit la partie arrière un peu enchâssée et débouchée par quatre X12.

A salle vide et avec des CD, le grave et l’infra sont très, trop présents, un phénomène qui sera par la suite totalement corrigé quand que les vraies sources prendront le relai. Des titres richissimes en bas du spectre sont joués et bénéficient à plein de KS28 qui se révèle être une enceinte à part entière et pas qu’un énorme paquet de Mousseline comme nombre d’autres subs y compris chez les marrons.
Le seul inconvénient est que tout ce qui peut vibrer dans la salle ne se prive pas de le faire, et comme aucun signal musical ou presque ne vient masquer la ferraille qui déraille, ce style musical assez extrême s’avère peu jouable. Pour le reste le calage est effectué avec soin et le choix de ne pas taper trop haut avec les K2, pour éviter les réflexions latérales du fond de salle prolongé par une sorte de balcon moins large, est salutaire. En revanche, les deux douches en Kara se révèlent être un peu interférentes pile devant la régie. On reparlera de tout ça dans quelques instants, place à Popeye, Pops, daPops, un personnage assez incontournable dans la pop urbaine et le rap.

Monsieur Rap & RnB à la console

Pops qui écoute avec les yeux. Aussi !

SLU : On t’avait laissé avec une grosse analogique il y a quelques années, tu es donc passé au numérique.

Pops (Popeye Maximin) : Impossible d’être sur une analogique. Il y a trop de sources, d’effets, de mémoires. Le show est time-codé. Il faudrait s’y mettre à deux (rires) ! Avec Soprano on est en Ableton qui sort des stems en sorties séparées, on a un DJ et un multi instrumentiste qui joue absolument de tout.
En analogique ce serait compliqué et je ne pourrais pas masteriser chaque élément.
Avec la SSL je peux rappeler par mémoire des traitements très différents, c’est imbattable. Et surtout on est avec Soprano qui vend 600 000 billets (sans doute même plus depuis NDR), LA grosse tournée ; on est 40 sur la route !

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SLU : Ca se passe donc bien, plein chaque soir ?

Pops : Ah oui, on fait salle comble partout. Ce soir c’est une petite jauge et on a laissé du bois dans la semi ! C’est un putain de show et moi qui ai eu la chance de suivre Soprano depuis ses débuts, je ne peux qu’apprécier son évolution artistique et scénique.

La L300 SSL, bien complétée par un nombre important de périphériques en plug (à droite dans l’écran le serveur Waves) et en rack !

SLU : Tu connais Soprano depuis quand ?

Pops : Depuis 2001 et Secteur Ä. Je tournais avec Ärsenik et Soprano était venu en première partie avec Psy4 de la Rime dont il assurait le chant. C’étaient des marseillais et je pensais que ça allait être compliqué (rires !) mais j’ai accepté de m’occuper de leur mix et au final je suis toujours là. Soprano est un mec très fidèle qui rappelle toujours ses soldats.

Le second rack servant de support à la SSL et contenant nombre de jolis joujous. Bricasti, Tascam, FatSo et API 2500, parce que les plugs, ça va un peu !

SLU : J’ai vu qu’effectivement vous avez deux Tourbus, celui des marseillais et celui des parisiens !

Pops : Obligé (rires)

SLU : Revenons à la console et au calage en général, je vois beaucoup d’effets et de points de mix. Tu nous expliques le tout ?

Pops : Du classique. En fonction des signaux, je travaille avec ce que m’offre la SSL, puis je crée des stems, le nom donné par SSL aux groupes, et j’insère mes chaînes de plugs Waves via les serveurs. En plus de tout ça je dispose de deux belles réverbes Bricasti M7, de trois AutoTune Tascam TA1-VP et d’un compresseur à lampes API 2500 pour le master.

SLU : Mais en sortie tu émules sur la table un 31 bandes…

Pops : Oui, j’aime bien retoucher le son final.

Cyril & Pops en plein show. Nombre de points d’EQ ont été relâchés, un grand classique dû au rendu salle pleine et oreille chaude ;0)

SLU : Oui mais Cyril dispose aussi des ressources des contrôleurs plus un Lake…

Cyril Poirier (Ingé système de la tournée) : Tout le calage est fait avec LA Manager et ensuite je peaufine avec le Lake !

SLU : Si vous vous entendez bien, il n’y a pas de soucis (rires)!

Cyril Poirier : Ce sont des petits points, maxi entre deux et trois dB et plus souvent un et demi. Dès que le show démarre, Popeye relâche souvent sur le 31 et j’en fais de même chez moi.

SLU : J’imagine que cette salle agenaise est petite et que certains points dérivent de ça.

Cyril Poirier : Certainement. C’est la première fois qu’on joue aussi près de la scène, on pourrait presque toucher les artistes en tendant le bras. Pour en revenir à l’EQ, nous avons mis en place une communication entre nous qui marche bien. Soit c’est Pops qui entend quelque chose qui le gêne et me demande de traiter le problème, soit c’est lui qui le fait, mais on essaie toujours de ne pas le faire à deux pour ne pas déphaser.

Pops : Ce qui est drôle c’est que l’on retrouve les mêmes points des deux côtés. On ressent les mêmes besoins. Et puis on a un vrai artiste qui donne différemment de soir en soir. Le show a beau être time-codé, lui ne l’est pas du tout. Il faut donc une super complicité entre nous pour se comprendre vite et bien. Enfin je travaille par virtual sound check.

Cyril Poirier : Le but est d’avoir chaque soir dans une salle différente quelque chose de régulier et de bien, tout en sachant que les sources sont très différentes. Popeye fait en sorte de compenser ces écarts en dynamique, en couleur ou en densité. Il y a des salles où l’on privilégie l’intelligibilité en creusant la place pour la voix et d’autres ou au contraire il faut charger pour remplir. On sonorise un chanteur français avec des textes, il n’est pas question de ne pas les comprendre donc quand l’acoustique est défaillante. On fait alors en sorte de retoucher le bas mid pour que la voix ressorte le mieux possible.

SLU : Comment est votre relation avec Soprano, est-il intéressé par la technique ou bien vous laisse-t-il totalement la main ?

Pops : On se connaît depuis tellement de temps avec Sopra qu’il a une certaine confiance. On a par exemple démarré la tournée avec une tête Telefunken M80 qu’on trouvait pas mal, puis on a basculé sur une DPA et peut être allons-nous encore changer la semaine prochaine. Il nous écoute et joue le jeu. Il entend des différences et comprend qu’on puisse vouloir toujours améliorer le rendu.

Cyril & Popeye mettent des épinards dans le bas

SLU : Qui est responsable du gros grave bien tendu ?

Pops : C’est moi qui le souhaite et qui ai montré à Cyril en résidence à Marseille lors de l’encodage du show, ce que je voulais avoir, mais tout le mérite lui revient de parvenir à me le faire avoir le plus possible dans chaque salle, même dans les Parc Expos de 20 000 places où on est à des années-lumière de Zéniths comme Clermont-Ferrand ou Toulouse. Il se débrouille pour que l’impact soit toujours là. De mon côté, je lui donne un son le plus homogène et lissé possible et pour ça la SSL sonne terrible. Le compresseur ATI en sortie est aussi parfait pour finaliser le son.

Deux KS28 surmontés par deux Arcs Wide. Il y en a bien 20 en montage arc sub et atténués à -16 dB cachés sous un tulle qui le masque pudiquement. Sachant qu’ils délivrent au moins 3dB de SPL et un paquet de dynamique en plus que les SB28, on vous laisse compter la puissance de tir du couple Pops/Cyril heureusement très sage !

SLU : Est-ce que tu trouves ton bonheur avec la diffusion, notamment dans le bas ?

Pops : Oui, les nouveaux subs et les nouveaux amplis donnent bien et je préfère mille fois ce bas bien sec et défini à celui baveux des SB28. Le KS descend dans l’infra, a du niveau et reste nerveux, c’est très intéressant. Dans la pop urbaine comme celle de Sopra, on a besoin de pression mais aussi de définition car on joue beaucoup avec l’octave 30-60 Hz. On a vraiment du signal utile dedans et on met le paquet vers 50 Hz. Entre les KS28, les K1-SB et les K2 on a de quoi bien faire. Ce n’est pas forcément la marque que je préfère mais je dois avouer que ces trois références forment un bon combo pour notre style musical.



SLU : Question niveaux comment tu te situes ?

Pops : Très différemment de la dernière fois où l’on s’est vu sur NTM où je lâchais les chevaux. Le public de Sopra est très familial, et il y a énormément de gamins de 10 ans. On se fait un peu plaisir avec le bas mais pour le reste on est très sage et on joue entre 95 et 96 dBA.

Cyril Poirier : On compense ce léger manque de pression par un peu plus de niveau dans le bas et plus d’attaque, de dynamique. Au plus fort et devant les enceintes on est à 100 dBA et encore, sur les rares morceaux où l’on pousse un peu. Soprano a traversé deux générations. On a les parents et de très jeunes enfants qui viennent avec eux. Ce soir par exemple on va jouer tranquille parce qu’en plus on est collé au système. Les 4 boîtes du bas sont traitées différemment et calmées, mais on est tellement près que ça fausse un peu la perception. On a l’impression de jouer fort alors que cela n’est pas le cas.

SLU : Tu dis que la SSL sonne terrible.

Pops : Oui. Je l’ai découverte il y a 4 ans après avoir touché à peu près à tout ce qui existait et je me suis tout de suite dit que c’était le truc que je voulais. Elle a le son et une fois que tu l’as comprise, c’est parfait. C’est la putain de table. Je tourne avec la 300 même si j’aimerais avoir une 500 pour disposer de plus de confort de travail mais pour les festivals, on est plus à l’aise avec la petite qui gêne moins.

SLU : Une dernière question Pops. A part du rap…

Pops : On ne m’appelle que pour ça. C’est un métier d’étiquettes et j’en porte une grosse. Une fois que t’es marqué dans un style musical, tu n’en sors plus. J’adorerais mixer ne serait-ce que de l’électro mais rien n’y fait. Popeye, c’est le rap (rires) !

Des choix de diffusion originaux

SLU : Cyril, c’est manifeste que tu sais caler du système mais est-ce ta seule occupation ?

Cyril Poirier : Non pas du tout, je suis un mixeur et j’aime bien tous les styles musicaux même si j’ai une préférence pour la voix. J’accueille aussi pas mal en festival. Je ne travaille pas trop souvent sur du rap mais bon, les codes, les goûts et la vision du beau sont universels donc on s’en sort toujours. Cela dit les codes ne suffisent pas, il faut aussi que la voix sorte bien, que la bande passante soit cohérente avec le niveau et qu’en définitive le son soit beau. Mon style musical est plutôt minimaliste car je travaille pas mal en world music où tu fais ce que tu peux avec pas grand-chose ce qui est très intéressant.

SLU : Venons-en à ce soir. Explique-nous ton utilisation des volets des K2. Tu joues à fond l’adaptation ?

Cyril Poirier : En quelque sorte oui. J’évite le plus possible de taper dans les côtés en fer de la salle et d’aller dans le proscenium, et puis le fait de jouer en 70° fait naturellement gagner un peu d’énergie au lointain. Je joue donc avec les 4 boîtes du haut fermées à 70, les deux suivantes en 55-35 pour avoir de la stéréo, ne pas taper dans les côtés et venir remplir derrière la scène B.
Les deux du bas enfin sont en 35-55 pour éviter le couloir et la scène B le plus possible et arroser les côtés en champ proche où on aura du public ce soir. L’avantage du K2 outre d’être une bonne enceinte, c’est justement de pouvoir être employé en contrôlant sa directivité ce qui est parfait dans une tournée comme celle de Soprano. Il était question qu’on emploie juste deux downfill en K2 par côté et des infill en Kara mais cela ne convenait pas du tout.

Observez attentivement la position des ailettes guidant le haut du spectre des 8 K2

SLU : Vous n’êtes donc pas partis qu’en K2 ?

Cyril Poirier : Non, on a 12 K1 par côté plus des K1-SB pour le gauche droite, des K2 pour les outfill, Kara pour les lip et KS28 pour les subs sur des LA12X.

SLU : Tu as donc sorti tout ton stock de K2 pour Agen. En plus cette tête est bien mieux pour cette jauge que le K1.

Cyril Poirier : Oui, mais en plus on l’aime beaucoup avec Popeye. Sa couleur et son rendu plus récent correspondent mieux à son style de musique et ce qu’il aime entendre.

Un peu de patate avec les 15” des K1-SB en tête de ligne de K2, astucieusement alimentés par des LA12X.

SLU : C’est possible de jouer autant avec le front d’onde ?

Cyril Poirier : Il y a forcément un contraste de médium-aigu entre les enceintes en fonction des réglages mécaniques des volets. L-Acoustics doit en corriger un peu dans les contrôleurs avec les différents presets, mais quoi qu’il en soit j’ai naturellement déjà de gros contrastes entre les angles ; les shelves compensatoires je les corrige. Je suis globalement en champ proche et c’est la même boîte qui joue, cela reste donc très acceptable.

SLU : Comment utilises-tu les K1-SB ?

Cyril Poirier : Au départ il était question qu’on crée des antennes de K1-SB pour pouvoir projeter du bas, c’était le vœu de Popeye. Le grave généreux des K1 et la difficulté de mettre en colonne les K1-SB pour des raisons de scénographie ont fait qu’on n’a pas pu les faire jouer en preset K1SB_X.
D’autre part, je ne trouvais pas très intelligent d’avoir un arc sub filtré à 60 Hz au sol et d’avoir des subs accrochés et filtrés aussi à 60 car dans le rôle du pur sub infra, le KS28 est beaucoup mieux.
Cela dit, le K1-SB a un rôle important pour projeter de l’énergie entre 80 et 120 Hz, et les rares fois où on n’a pas pu l’employer pour des questions de hauteur, on a senti son manque. Enfin, on l’amplifie avec du LA12X et du coup il gagne énormément en nervosité et quand tu ajoutes le fait que c’est un 15”, tu obtiens un impact que j’aime beaucoup.

Ils sont bien là et pas si bien cachés que cela sous les Kara qui redonnent vie aux premiers rangs.

SLU : Quand tu le mets en tête de ligne, tu diriges mieux ton bas du spectre…

Cyril Poirier : C’est précisément ça, je resserre un peu la directivité du bas médium, ça en enlève un peu devant et ça en projette au lointain, quelque chose de difficile à obtenir sans placer des renforts de grave en tête de ligne. Le mélange enfin des trois HP de grave, les 12” des K2 qui sont bien fermes et dynamiques, le 15” des K-SB et les 18” des KS28 marche bien.
Je vais essayer de n’avoir que des LA12X pour la date de Bercy (30 septembre 2017 NDR). On va encore gagner en fermeté et en dynamique. Il faut avouer qu’ils ont pris le temps chez L-Acoustics, ne serait-ce qu’au niveau PFC. J’ai eu l’occasion d’écouter du V-Dosc avec d’autres amplis et c’est une toute autre enceinte. Ils ont cela dit vraiment rectifié le tir avec le LA12X.

SLU : Quel type de grave aimes-tu travailler ?

Cyril Poirier : Sans discussion le grave sec. J’ai adoré le TSub de KS pour ça. Si tu as besoin d’avoir quelque chose qui dégueule, tu vas le cherchez avec une petite réverbe ou à l’égaliseur (voire à l’aide de générateurs de subharmoniques en rack ou plug NDR). Il y a eu une grande mode de l’infra qui résonne et heureusement depuis quelques années les charges ont évolué et on est plutôt parti dans une quête du dynamique et du sec.

Un des subs préférés de Cyrille, le vénérable dV-Sub et ses trois 15’’. Sec et rond à la fois.

L’autre sub préféré de Cyrille, le Tsub de KS Audio. 8 HP de 10” à double aimant, grande élongation et équipage mobile forcément léger en montage push-pull cela donne 141 dB de SPL Max et ça tient dans ±3 dB entre 35 et 12 Hz.


SLU : Tu nous expliques tes deux renforts centraux de 4 Kara ? A salle vide ce n’est pas probant.

Cyril Poirier : C’est certain qu’à salle vide tout arrive, les fronts, le principal et un peu des douches. On a beaucoup de réflexions qui s’atténueront durant le show. Je joue en respectant la stéréo entre les K2 et les Kara pour ne pas trop avoir de problèmes de phase mais c’est vrai que lorsqu’on mélange du signal issu de deux enceintes différentes, ce n’est jamais parfait, même si je coupe et atténue pas mal les douches. On a 22 mètres d’ouverture, on ne pouvait pas ne rien mettre.

Une vue de la salle vide avec la régie très proche de la scène B. On devine tout là-haut les deux rappels de Kara en douche.

SLU : Quelques mots sur tes subs pour cette date d’Agen. On n’en voit que 4..

Cyril Poirier : Mais il y en a 20 en tout en arc sub. Huit autres stacks de 2 sont cachés sous la scène. J’enlève de l’énergie à 30 Hz et d’ailleurs la première fois qu’on a monté les KS28 on a été bluffé par leur sensibilité. J’en ai vingt, non pas pour la puissance mais pour contrôler la directivité à la fréquence que je veux. J’étais parti avec 4 de plus mais je les ai rendus et je ferai des rajouts là où c’est nécessaire. Pour tout te dire, je joue à -16 dB ; comme ils sont en sommation cela fait -13dB. J’ai essayé de ne jouer qu’avec les 10 subs du bas mais on était un peu juste, Popeye aime le bas, et je souhaite garder de la réserve.

SLU : Comment as-tu délayé ton arc sub.

Cyril Poirier : Avec les délais habituels sauf que du fait de l’avancée de scène, on n’est pas symétrique sur les deux intérieurs. A la base je serais parti pour travailler en cardioïde mais avec des enceintes L-Acoustics cela nous aurait obligés à surélever la scène de 40cm. On jouera en cardio certainement au Vélodrome et à Bercy.

SLU : Comment aimes-tu travailler ton infra, accroche ou sol ?

Cyril Poirier : Sol, mais j’ai déjà accroché à Bercy pour des raisons de scéno et cela fonctionne aussi très bien avec un gros paquet cardio. En termes d’homogénéité, il n’y a rien de mieux mais avec le décor basé sur une montagne au beau milieu de la scène, cela s’est révélé impossible. J’aime bien les configs où tu génères ton grave en accroche stéréo ou centrale et gères ton infra au sol avec un arc sub.

Cyril Poirier : Tout ce qui sort de la session live, les stems, est au format MADI. On a donc un routeur qui les distribue à partir de la fréquence de départ qui est du 96 kHz. Aux retours, un SRC permet d’alimenter la Profile qui est en 48. Les HF sont du Sony est sortent en double AES séparé. On a Soprano, ses deux frères et Flo notre multi instrumentiste plus un spare sur ces liaisons. Je les ai sur les 10 Commandements et j’aime beaucoup leur son. Les émetteurs sont équipés de D-Facto DPA, de KSM8 ou de Beta 58 Shure. Ces liaisons ont une latence acceptable. Dushow les a achetées pour cette tournée. J’aurais aimé aussi avoir les TG1000 Beyer mais ils n’étaient pas encore en sortie numérique au moment où il a fallu choisir, chose qui est désormais faite en Dante.

SLU : Il y a différents codecs sur les Sony non ?

Cyril Poirier : Oui 3 qui font varier la qualité du son et la sécurité de la liaison. Sur le second codec, on a 2,5 millisecondes. Le reste des sources est en analogique. 2,5 c’est acceptable sauf si derrière tu insères du SoundGrid, de l’Universal Audio ou d’autres serveurs et plugs qui induisent à leur tour de la latence. On dit que le groove, être devant ou derrière le temps, ce sont 3 millisecondes…Mais le son est proche d’un micro filaire, la qualité de fabrication et la robustesse une réalité et il y a quelques bonnes trouvailles.

Il était une fois Cyril…

Cyril Poirier, dur de trouver plus cool

SLU : Quelques mots sur toi ? Ton histoire en 1400 caractères !

Cyril Poirier : Je suis un parisien. J’ai commencé en 96. J’ai étudié à l’ISTS, son nom actuel, et dès la fin de mes études j’ai attaqué par des concerts dans des FNAC pour Euro Backline. A la fin de mon BTS j’ai eu la chance de rencontrer Stéphane Lumbroso et Alexandre Sap qui étaient les assistants de Patrice Cramer sur Taratata.
J’ai travaillé avec eux et quand ces derniers ont quitté cette émission, je me suis retrouvé à assister Patrice, y compris en tournée alors que je me destinais plus au studio, en tout cas dans un premier temps. Après j’ai à peu près tout fait. 5 ans sur les 10 Commandements (un compte rond NDR), j’ai monté une boîte, j’ai pas mal mixé, j’ai assisté sur des tournées de Voulzy et de Souchon avec Hubert Salou, fait de l’accueil en festival, mixé de la world…

SLU : Tu travailles pour des prestataires ou des prods ?

Cyril Poirier : Uniquement des prods. Je tiens beaucoup à mon indépendance. J’aurais dû commencer chez un prestataire dès le début de ma carrière, ce qui n’a pas été le cas. Pour te donner un ordre d’idée, j’ai dû travailler une fois dans ma vie directement pour Dushow !

SLU : Est-ce que cette polyvalence tu ne la paies pas un peu sur l’autel de la connaissance approfondie d’un système ?

Cyril Poirier : Non, j’ai toujours aimé le challenge d’abord de gérer les deux, le mix et le système, et ensuite de me débrouiller avec ce que j’ai, typiquement l’école world music. Un autre challenge a été de partir avec un système qui n’est pas le préféré de Popeye tout en le lui faisant aimer chaque soir, surtout le K2 qui en revanche lui plaît (rires).
Cela étant, sachant que j’allais avoir du K1, je suis allé me faire former par Fred Bailly chez L. Pour le reste, ma compétence je la tiens de la route et de la période où j’ai distribué KS Audio. Enfin je suis des cours du soir d’ingénieur en électro-acoustique au CNAM. Pour finir de répondre à ta question, il est évident que la partie mécanique des systèmes et leurs caractéristiques acoustiques nécessitent au moins une vingtaine de dates pour être assimilées.



SLU : Et tout ce qui est simulation et pilotage ?

Cyril Poirier : On apprend assez rapidement, et chaque marque a ses points forts et faibles. L’avantage est qu’aujourd’hui on peut télécharger les softs et s’entrainer hors ligne. C’est une phrase bateau mais aujourd’hui, tous les systèmes marchent bien, ce n’est que la mise en œuvre, les points d’accroche ou les angles mal faits qui influencent négativement le rendu. Un peu d’expérience, de suivi des préconisations du fabricant et tu ne peux pas avoir de mauvaises surprises.

SLU : Il y a quand même des différences. Tu m’as dit aimer travailler avec du d&b, le J et le V disposent d’un 10’ ou d’un 8” pavillonné, rien à voir avec ce qu’offrent les autres fabricants.

Cyril Poirier : C’est vrai, je suis assez fan de cette technologie. Même dans les salles pourries, la projection du médium est idéale. L’aigu en revanche a un peu vieilli et les enceintes plus récentes sont plus fines et offrent fatalement une image stéréo plus large et définie. Pareil pour la bi-amplification et le filtrage passif du haut qui empêche un peu de travailler. Chaque technologie a ses avantages…

SLU : … et ses inconvénients, mais d&b a toujours été très économe en nombre de canaux d’ampli. On verra ce que l’avenir nous apportera d’outre Rhin (rires) ! Pour ce qui est des consoles, tu estimes que c’est un simple outil ou bien un outil qui a sa part de responsabilité dans l’obtention d’une certaine sonorité ?

Cyril Poirier : Tout a son importance ! Chaque machine est pensée différemment et donc apporte sa couleur. Parfois on ne s’en rend pas compte car l’usage qui en est fait n’est pas le bon…

Monsieur Carlton, la gouache, le sourire et une salle chauffée à blanc avant l’entrée de Soprano en terre conquise !

Florian Rossi qui a aussi fait le bonheur de Stromae ou de Kendji, un jeune multi instrumentiste doué à vous en dégouter de toucher tout instrument !!


SLU : Vous êtes en SSL à la face et Profile Avid aux retours. Patch analogique ?

SLU : Comment vous êtes-vous rencontrés avec Popeye ?

Cyril Poirier : On s’est croisé sur une date de Joey Starr où je remplaçais un technicien. Sans absolument se connaître on a discuté 6 heures ensemble. Il m’a dit qu’il allait partir avec une SSL pour Soprano et on a fait un deal : je t’apprends le calage système et toi tu m’apprends à bosser sur la SSL ! Et c’est comme ça que ça s’est fait. Heureusement d’ailleurs car la première fois où j’ai pris cette table seul, j’ai mis 25 minutes avant de sortir du son dans le circuit de monitoring. Elle sonne vraiment bien mais elle est très différente des autres.

Conclusion

Noir dans la salle, rouge sur le Live Capture Pro de Cyril. Le public de Soprano est sans pitié pour les tympans. On a beau être sage en régie, la démesure d’une salle totalement acquise à la cause de l’artiste fait que les chiffres s’affolent sur l’analyseur et attaquent gaiement la centaine. Le mix de Popeye, mis en son par Cyril, ne s’aventure pas aussi haut et c’est tant mieux, la nature du rendu bien gonflé en bas apportant son écot en termes de sensations.
Pour tout dire, ce style musical ne pourrait pas se passer de ce type de « gros paquet » impossible à avoir à la maison, à la radio et surtout en MP3… Bravo à Cyril pour son design et son calage pas évident car il y a beaucoup d’enceintes dans une petite salle et la cohabitation sonore est comme celle politique, souvent laborieuse.

Victorien Cayzeele derrière sa console et en pleine presta.

Quelques zones interférentes subsistent dues à la taille du Centre des congrès mais comme le grave garde son impact et sa rondeur partout, le cahier des charges est plus que rempli.
Un dernier mot sur le travail de Victorien Cayzeele d’All Access Design sur les lumières au sens large du terme. C’est beau, c’est original, c’est rythmé et ça colle pile poil à la proposition artistique de Soprano. Deux lignes aussi pour Pascal Rossi aux retours que faute de temps on a ignoré. Au temps pour nous…Vous l’avez compris, on a là une bien belle tournée.

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