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L-ISA – 1ère partie – Le Requiem de Verdi avec Gabert, Blanc-Garin & Duvet

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L’orchestre et les cœurs en pleine répétition, près de 300 artistes pour une œuvre grandiose.

L-ISA, Immersive Sound Art est la nouvelle promesse sonore de Christian Heil avec laquelle il entend redonner ses lettres de noblesse à l’audio et rétablir le lien entre artiste et son rendu amplifié. Accompagnez-nous dans ce dossier en 3 parties pour en découvrir tous ses aspects novateurs et son très grand potentiel.
Verdi et son Requiem, Casadesus et l’ONL et le stade Mauroy à Lille ont servi d’écrin à L-ISA, le nouveau système de déploiement multicanal piloté par un contrôleur de L-Acoustics.
Nous avons eu le plaisir de le découvrir au cours d’une longue journée d’écoutes, d’interviews, d’échanges informels, tous plus passionnants les uns que les autres avec les équipes de l’Orchestre National de Lille, les preneurs de son de l’ONL et les équipes de L-ISA dont un homme assez rare pour valoir le déplacement à lui tout seul : Christian Heil.

L’équipe grâce à laquelle Verdi a retrouvé des couleurs. De gauche à droite : William Duvet, ingé système et courroie de transmission entre l’ONL et L-Acoustics, Guillaume le Nost le responsable du développement de L-ISA, Fred Bailly ingénieur application touring L-Acoustics, Christian Heil, président de L-Acoustics, co-papa du front d’ondes cohérent etc. etc. Sherif El Barbari, responsable application L-ISA, François Gabert, mixeur du Requiem et ingé son auprès de l’ONL, Erdo Groot, producteur et ingé son classique, en charge du suivi de la partition auprès de François et enfin Stéphane Evrard, le directeur technique de l’ONL.

Le fruit de cette journée tient en 3 parties :

  • La première, ci-dessous, traite de la mise en œuvre spécifique de L-ISA pour cet événement avec les utilisateurs que sont Frédéric Blanc-Garin et François Gabert, techniciens son auprès de l’ONL, mais aussi William Duvet qui a servi de facilitateur entre L-Acoustics et l’ONL.
  • La seconde fait la part belle à Guillaume le Nost, le responsable du développement de L-ISA, un personnage dont le talent et les compétences ressemblent à une bonne vieille boule à facettes bien éclairée.
  • La troisième partie enfin est consacrée à l’interview de Christian Heil et à notre conclusion.

Une semaine pour tout savoir sur cette technologie d’hyperréalisme sonore qui pourrait bien donner un sacré coup de vieux au gauche/droite.


Une moitié de stade sans pelouse peut faire encore plus vibrer les foules

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Le lieu est magnifique. Imaginez un grand stade de foot couvert et fermé de 50 000 places. Prenez la pelouse, soulevez-la et faites-la glisser sur l’autre moitié de terrain à l’aide d‘une machinerie aussi hydraulique qu’invraisemblable. Déployez un lourd pendard pour diviser les deux immenses volumes, faites surgir comme par magie de nouveaux gradins rétractables et vous obtenez la configuration Arena du stade Pierre Mauroy. 25 000 places assises, une totale réussite à l’acoustique absolument saine et sonorisable, aux points d’accroche nombreux et offrant un parterre en béton prêt à tout recevoir.

L’autre côté de l’enceinte du stade Pierre Mauroy, là où est stockée la moitié de la pelouse qui a quitté la partie devenue Arena. On la devine dans son bac supporté par des jambes équipées de roues. Remarquez les ventilateurs et l’ensemble technique destiné à bichonner l’aire de jeu de Marcelo Bielsa durant son périple…

Dès le matin de notre arrivée sur site, les répétitions battent leur plein, ce qui nous permet d’appréhender la large zone de couverture du déploiement L-ISA et la façon dont se comportent les compléments en K2 pour les côtés et ceux en Kiva pour les premiers rangs avec les inévitables zones interférentes.

La mc²56 Lawo de l’ONL en arrière-plan et la paire de PCM96 en charge de mouiller, unir et emballer 300 artistes pour un public habitué à avoir une acoustique de salle…

On reviendra sur tout cela plus loin dans le reportage mais tirons dès à présent un très grand coup de chapeau à François Gabert qui tient la mc²56 Lawo et par la même occasion la face. Entre les répétitions du matin et le Requiem du soir, une pièce unique, insécable et sans la moindre pause, son mix est passé de l’ombre à la lumière. Saisissant.
Rappelons ici que l’ONL (Orchestre National de Lille NDR) a fait le choix de s’équiper beaucoup et bien avec des consoles Lawo et des micros numériques Neumann, Sennheiser et des Schoeps, afin d’être en mesure de s’enregistrer et de valoriser son travail. Deux mixeurs sont « résidents » dans sa salle « Le Nouveau Siècle » en plein cœur de Lille et c’est tout naturellement que ce matériel, qu’ils connaissent et pratiquent fréquemment, se retrouve dans l’Arena pour ce concert.

Le déploiement L-ISA comporte 5 lignes de base à la verticale de la scène, étirées par deux lignes additionnelles qui sortent du cadre. Chacune des 7 lignes est composée de 9 Kara renforcées par un unique point de sub central suspendu à la verticale des premiers rangs et composé d’une antenne de deux fois quatre KS28 en montage cardioïde.

Le système L-ISA et ses 7 lignes de 9 Kara, soit 63 enceintes, épaulées par 8 KS28 en antenne cardioïde et enfin par 2 x 8 K2 pour les latéraux.

La puissance, une partie du moins, au plus près des systèmes. Un des LA-RAK est en version II et embarque trois LA12X, indispensables aux KS28.

Connaissant la puissance de ce sub – que Marcoussis donne à 3 dB SPL de plus que le SB, mais qui avec le LA12X aux commandes en donne bien plus, sans parler de sa dynamique – on ne va pas manquer de bas du spectre.
Deux lignes de huit K2, une à cour et l’autre à jardin, font le raccord entre les bords de la zone L-ISA jusqu’aux derniers sièges placés perpendiculairement à la scène, des sièges qui ne bénéficieront que d’un bon son monophonique.

De part et d’autre du déploiement L-ISA, sont accrochés 4 LA-RAK, dont un LA-RAK II pour les KS. La puissance des fronts et sides de même que des retours est située au sol. Honneur à la face, nous ne traiterons que de cela dans ce reportage, mais bien entendu des retours judicieusement placés ont permis notamment aux chœurs d’entendre l’orchestre et pas simplement les timbales, tambours et autres cuivres qui sont placés devant eux !

Fred Blanc-Garin, ou comment si bien parler du son…

Premier à répondre à nos questions malgré un programme serré, Frédéric Blanc-Garin est l’alter ego technique de François Gabert auprès de l’ONL (Orchestre National de Lille NDR). Comme ce dernier, il est intermittent et, en alternance avec François, s’occupe du studio numérique de l’Orchestre et, forcément, de ses sorties comme aujourd’hui.

Les deux compères en pleine balance. A gauche Frédéric Blanc-Garin et, les mains sur les faders, François Gabert.

SLU : Comment t’es-tu retrouvé à la tête de cette diffusion encore assez peu connue et pourquoi L-ISA ?

Frédéric Blanc-Garin : En tournée pour Paul Personne, comme quoi je ne mixe pas que du classique, j’ai eu l’occasion de travailler avec une Vista Studer qui dispose d’une fonction très intéressante, le Virtual Sound Panner ou VSP, qui te permet de vraiment ouvrir ton mix sans léser les spectateurs et sans perdre d’énergie comme avec un panoramique standard. Je me suis régalé avec des guitares qui gardent de la compréhension du message musical tout en ayant une vraie identification de la source sonore.
De retour de tournée j’en ai parlé à François (Gabert NDR) en lui faisant remarquer que notre Lawo n’en disposait pas et Hervé de Caro (hélas disparu depuis NDR) ne pouvait rien faire pour nous. En novembre dernier, lors d’une opération avec William Duvet, ce dernier me dit qu’un système est en train de se mettre en place chez L-Acoustics, et qu’il appelle « la stéréo pour tous ».
Très intéressé, j’ai enclenché la mécanique au niveau de l’orchestre et François est allé l’écouter dans l’auditorium de Marcoussis. Il en est revenu convaincu par l’audio mais moins par le workflow. L’étape suivante a été, toujours grâce à William et Fred Bailly de L-Acoustics, le déploiement au Nouveau Siècle, le lieu de résidence et salle de spectacle de l’ONL d’un mini-système L-ISA pour que François puisse mixer et l’apprivoiser, et que nos responsables puissent décider ou pas de son adoption. On a mixé une version L-ISA et une stéréo, en jouant plus fort pour cette dernière uniquement sur les enceintes 3 et 5 du déploiement 1 à 7 étendu, le même que nous avons ce soir.

Fred Bailly à quelques minutes du show parle avec William Duvet.

SLU : Tu avais quoi comme boîtes ?

Frédéric Blanc-Garin : Des groupes de 3 Kara sur pied. On a d’abord joué le mix stéréo à notre patron qui, placé au balcon et à bonne distance, a trouvé ça tout étroit et un peu tassé. On a expliqué cela par l’absence de l’orchestre et le fait que l’on a pour habitude de renforcer ce qui manque, avant de basculer sur le système multicanal.
Il s’est alors levé, il s’est baladé tout le long du balcon pour ressentir ce que tout un chacun perçoit depuis son siège et valider l’absence de tout triangle d’or comme en stéréo. Il est alors revenu vers moi et m’a dit « mais l’orchestre est là… »
On a eu le feu vert pour chiffrer et c’est le directeur technique Stéphane Evrard qui a pris la main.


SLU : L-Acoustics fait en sorte de ne pas vendre le SPL et le moteur plus cher en L-ISA qu’en tradi.

Stéphane Evrard entre François Gabert (à gauche) qui dit « sans lui, ce soir ce serait gauche/droite !! » et Erdo Groot qui assiste François en suivant la conduite qui n’est autre que la partition annotée.

Frédéric Blanc-Garin : C’est une nécessité car il ne fallait pas dépasser le budget 2016 où l’on avait accroché 4 lignes de K2. En mettant tout bout à bout, rig inclus, ils sont rentrés dans les clous.

SLU : J’imagine que tu parles d’Alive qui est le prestataire ce soir. William Duvet qui a été le déclencheur y travaille ?

Frédéric Blanc-Garin : Oui, c’est un intermittent d’Alive avec lequel on collabore régulièrement et je fais plein de choses avec lui. C’est un grand convaincu de la maison Heil (sourires)

Parlons du son mouliné par des DSP

SLU : L-ISA est une idée qui repose sur un algorithme. Trouves-tu que le ratio avantages / inconvénients au niveau du son est satisfaisant voire plus ?

Frédéric Blanc-Garin : Oui. Il y a quelques phénomènes mais faibles et qui mériteraient qu’on écoute d’autres œuvres et dans d’autres lieux pour se faire une meilleure idée, et puis cet algorithme évolue sans cesse. C’est une première expérience qui en appelle d’autres. En me baladant dans la salle et en termes d’émotion, j’ai une impression bien plus satisfaisante quand je suis dans le champ de L-ISA qu’en dehors, et j’ai plus à redire des problèmes générés par deux lignes standard et la bête stéréo que par ce déploiement. J’ai eu la même sensation avec les micros numériques quand on les a adoptés.

Un des nombreux statiques numériques Neumann, ici un préampli KMD monté en 185, et arborant le désormais célèbre cartouche bleu ciel et l’inscription AES42, la norme de transport d’un flux numérique pour le signal sonore et d’un flux de data de service permettant d’en faire varier les réglages directement depuis la console Lawo qui l’a aussi adopté.

Même en dehors de performances meilleures de façon quantifiable, on a découvert que le rendu des micros numériques est plus défini dans le mix et le hors champ est naturellement atténué sans être détimbré, donc les sons deviennent collaboratifs et s’enchâssent mieux les uns dans les autres.
Avec L-ISA on a le sentiment de rapprocher le siège du spectateur de celui du musicien sans besoin d’une loupe. On lui amène de l’émotion en plus, et c’est notre quête. Enfin la réjection arrière de ce système nous permettra, si on le pérennise, d’amener l’année prochaine un peu plus d’air à nos prises de son, notamment des violons, ce qui est toujours bon en classique.

SLU : Deux mots sur la captation. Tu disposes avec François d’un magnifique parc de micros numériques…

Un couple de MKH8090 montés sur leurs préamplis convertisseurs MZD8000, ou comment passer en numérique un excellent micro !

Frédéric Blanc-Garin : Nous avons essentiellement du Neumann et du Sennheiser numérique ce qui nous permet, lors d’une captation de notre orchestre par un label qui vient avec son couple principal, d’ajouter des prises de proximité avec des couleurs différentes.
Pour ce Requiem, ont été ajoutés une vingtaine de capteurs à notre parc. La prise de son des chœurs est faite à l’aide de couples MKH8090 montés sur des préamplis convertisseurs MZD8000 et de KM 183D pour les extérieurs. Au départ nous n’aurions voulu avoir que les Sennheiser mais comme le Neumann a la même directivité et qu’on était un peu court, on a panaché. Le reste de la prise de l’orchestre est aussi assuré à l’aide de micros numériques Neumann et Sennheiser dont des TLM 103D et des MKH8040.

François Gabert, l’homme qui fait passer 300 artistes dans 101 enceintes

On libère Fred, puisque François Gabert nous rejoint en coulisses pour passer quelques minutes avec nous malgré un programme chargé comme un semi en tournée !

SLU : Comment en es-tu venu à collaborer avec l’ONL ?

François Gabert

François Gabert : J’ai commencé épisodiquement il y a une bonne dizaine d’années et après Lille 2004, je suis parti pour faire d’autres choses.
Il y a 4 ans, je suis revenu à l’initiative de Fred (Frédéric Blanc-Garin NDR) qui est un pur technicien là où moi le suis beaucoup moins, car il avait dans ses cartons l’idée du studio numérique avec la Lawo et 60 micros numériques qui a su séduire l’ONL en lui apportant beaucoup de notoriété et d’enregistrements de qualité.
J’en profite pour dire qu’on va développer une chaîne YouTube spécifique pour l’Orchestre qui va le démocratiser encore plus.

SLU : Ça va changer des cours de maquillage ou les soluces des jeux vidéo qui pullulent sur le WEB (rires)

François Gabert : Ne m’en parle pas, c’est un problème chez moi aussi.

SLU : Est-ce que sonoriser un orchestre classique est quelque chose de naturel et est-ce que L-ISA y contribue ?

Un plan qui explique immédiatement ce qui pourra être amélioré lors des prochaines éditions pour qu’encore plus de public soit dans la zone de couverture de L-ISA. Hélas en classique comme en variété, être près ou encore plus sur les côtés, ne signifie pas bien entendre…

François Gabert : J’ai beaucoup tourné avec des groupes, 25 ans d’accueil sur plein de systèmes différents, et je veille toujours à ce que le public soit aussi bien servi que moi, notamment dans le grave et l’infra. Je suis par exemple fan de l’arc sub, quand bien même il ramollit un peu l’attaque, mais ça se rattrape car il garantit à tout le monde de garder une balance tonale équivalente.
Avec L-ISA c’est un peu pareil, on peut permettre à 65, parfois 70 % des gens d’entendre une vraie spatialisation et une vraie stéréo. Une vraie définition des sources dans l’espace. Autre chose qu’une double mono avec deux stacks où la stéréo ne bénéficie qu’à 10 % des gens.

SLU : Dans ce cas-là il n’aurait pas fallu placer de sièges perpendiculaires à la scène à cour et jardin (sourire).

François Gabert : On ne peut pas tout faire pour l’instant (rires) mais dans un monde idéal il aurait fallu reculer le système pour gagner en largeur de couverture et en sièges bien servis. Ceci étant, on va jouer pour 14 000 personnes donc on a même laissé vide le gradin supérieur. On ne couvre que jusqu’à l’anneau des loges.

Le stade Pierre Mauroy en mode Arena photographié depuis le haut du deuxième anneau de gradins. Le troisième et dernier n’a pas été exploité pour le Requiem qui a tout de même attiré 14 970 spectateurs !

SLU : Elle est remarquable en passant cette salle, elle est presque mate.

François Gabert : Sans public non, elle vit un peu, mais une fois qu’elle se remplit, elle a en effet un TR très court et propre. Elle est super-étonnante. La première fois où nous sommes venus avec l’ONL, j’ai failli me faire avoir, et au début du concert, j’ai dû envoyer beaucoup plus de réverbération que durant les balances.

SLU : Penses-tu que le fait avec L-ISA de localiser la source à l’endroit où elle se trouve sur scène est une solution pertinente et acoustiquement intéressante ?

François Gabert : Bien plus que de tenter de le faire avec un panoramique où en plus, ce choix de « placement » de la source n’est valable que pour les spectateurs placés pile au centre du triangle. Physiquement, il n’y a pas de solution idéale. Avec L-ISA on se rapproche d’une solution acoustique, disons même non amplifiée d’une salle de concert où tout le monde n’a pas la même chose, mais tout le monde a une spatialisation liée à l’endroit où il se trouve.

La régie technique son et éclairage enchâssée dans les gradins bas et faisant face à la scène et au système.

Je vais me mettre une balle dans le pied, mais sonoriser, c’est tricher (F. Gabert)

François Gabert : Je vais me mettre une balle dans le pied, mais sonoriser, c’est tricher. Avec L-ISA il est possible de récupérer un peu de l’acoustique naturelle que peut avoir un orchestre dans une salle de concert.

SLU : L’idéal serait de mettre un ampli dans chaque violon…

55 minutes intenses et puis la délivrance. Difficile de faire un rappel sur un Requiem, François peut lui aussi savourer les applaudissement d’un public ravi.

François Gabert : Oui ! C’est un peu ce que l’on fait ici puisque je répartis les pupitres dans le déploiement des Kara en fonction de leur placement sur scène. Il ne me manque qu’un peu d’air dans la captation pour adoucir encore leur rendu dont le son naturel est très dur en proximité. La petite dureté dont tu as fait état dans les violons est due à ça.
Ce n’est pas l’algorithme du processeur de L-ISA ou le micro numérique mais bien la difficulté de prendre de la distance avec la source tout en gardant du niveau et de la précision en salle. Pour conclure, L-ISA n’est pas parfait, mais c’est infiniment mieux pour le public que le gauche droite habituel.

William Duvet, l’homme de bon conseil

Il est un technicien qui a eu un rôle clé dans l’arrivée de L-ISA à l’ONL. William Duvet. Nous avons pris soin de lui faire raconter ce rôle de facilitateur sans lequel Verdi n’aurait eu que ses braves deux lignes habituelles.

William Duvet avec à sa gauche l’ordinateur qui a la main sur le processeur L-ISA.

SLU : À part aimer beaucoup L-ISA et en parler à bon escient autour de toi, tu fais quoi dans la vie?

William Duvet : Je suis technicien son, plutôt porté sur le système, mais je mixe aussi. Je travaille dans le nord de la France et à Paris pour Intelligence Audio.
Depuis quelques années, j’utilise des produits L-Acoustics, et début janvier après une balade sur le web et la découverte de ce système, j’en ai parlé avec Fred Bailly (Super ingé application pour le Touring chez L-Acoustics NDR) et je me suis dit que cela aurait pu être intéressant pour ce show qui avait déjà eu trois fois auparavant une diffusion tradi.
J’ai donc, supporté par L-Acoustics, servi de courroie de transmission avec l’ONL même si je n’avais jamais travaillé pour eux.

Sherif El Barbari, l’homme de terrain de L-ISA qui, comme nous le dira plus tard Christian Heil, ne rate jamais une occasion de mesurer, écouter et discuter autour de son système.

SLU : Mais tu es lillois et es ici pour le compte d’Alive, le prestataire son de cet événement.

William Duvet : Oui absolument. J’ai aussi déjà bossé au stade Mauroy avec d’autres prestataires.

SLU : Ça ne nous dit toujours pas comment tu es arrivé dans l’opération à l’ONL.

William Duvet : Par le biais de Frédéric Blanc-Garin et aussi de François Gabert qui est un collègue. Frédéric a trouvé l’idée intéressante et a déclenché une réunion pour en parler, puis a souhaité rencontrer L-Acoustics pour avancer dans le projet. Entre-temps, j’ai été formé par Fred Bailly et la machine s’est mise en route jusqu’à l’appel d’offres final et le choix du prestataire en charge de déployer le système L-ISA dans le stade.

Les LA-RAK, puis 9 Kara de la ligne 1 et les 8 K2 de jardin.

SLU : Quel est ton rôle sur la presta elle-même ?

William Duvet : Je me suis occupé d’installer tout le kit, assurer câblage et calage avec L-Acoustics et enfin assister François pour lui permettre de retrouver son espace et ses panoramiques de console dans le processeur.

SLU : Justement, pourquoi l’écran de visualisation du contrôleur est placé sur le côté et pas face au mixeur ?

William Duvet : François en a fait la demande. Il ne souhaite ni le voir ni intervenir dessus durant le show. Le travail de placement a été fait durant les balances. S’il compte le modifier malgré tout, il me demandera de le faire.
Il veut garder les mains sur ses faders et ne pas être dérangé et encore moins prendre la souris pour le faire. L’intégration de plugs L-ISA au sein des consoles DiGiCo apportera un confort remarquable.

SLU : Comment vous y êtes-vous pris pour matricer le show ? Le terme n’est pas exact mais on se comprend (sourires).

William Duvet : On est parti de ce que nous avions fait en test le mois dernier lors des essais. On a mis le patch du show et on a travaillé en Virtual avec les enregistrements du show de l’année dernière. Ce n’est pas la même œuvre mais les micros, console, plateau sont très proches du concert de ce soir, et cela nous a donné une première idée. Ensuite nous avons exploité les enregistrements des répétitions de ce matin.

SLU : Combien d’objets sont traités ?

William Duvet : 84, dont deux qui sont des micros HF pour des annonces.

Les 84 objets tels que placés sur le contrôleur par François. Tout en bas, ceux qui sont les plus proches du signal original. A l’arrière, ceux qui sont mouillés par l’algorithme d’ambiance incorporé dans le processeur, atténués en niveau et en présence pour simuler la distance. Remarquez aussi les « ailettes » de part et d’autre de chaque objet et qui représentent l’étendue de part et d’autre du ou des systèmes qui jouent la source et donc l’ampleur de l’image.

Un setup pas si compliqué que cela

SLU : Tu nous décris le setup ?

William Duvet : La console Lawo sort en MADI vers le processeur L-ISA. Ce dernier attaque, après traitement et toujours en MADI, un convertisseur RME qui repasse les canaux de sortie en AES/EBU, et ce sont ces sorties numériques qui vont attaquer les contrôleurs amplifiés qui alimentent séparément chaque ligne. On se sert de l’horloge du MADI.

SLU : Où est le processeur L-ISA ?

William Duvet : Il est près de la scène et du stage rack de la Lawo. Ça ne servirait à rien de l’avoir ici.

SLU : A quelle fréquence tourne le tout ?

William Duvet : 48 kHz. On aurait pu basculer en 96 mais la console a volontairement été gardée sur une ancienne version.L’updater jute avant le show aurait été…

Toujours sur l’écran du contrôleur L-ISA, tout en bas et sous les numéros 77, 78, 81 et 82, le retour des réverbérations au premier plan, aucune « distance », mais avec le « Width » suffisamment ouvert pour créer un front très large et qui se recoupe.

SLU : Absolument d’accord. Pourquoi voit-on huit zones sur l’écran du contrôleur L-ISA ?

William Duvet : Il y a 8 secteurs, et si tu regardes bien, 7 lignes en pointillé qui correspondent aux 7 lignes de Kara. C’est une représentation graphique qui facilite le placement des objets. Mais n’oublie pas que chaque ligne ouvre à 110°. Nous avons par ailleurs exploité les sorties auxiliaires de chaque objet pour créer le mix pour les fills, mix qui est donc adapté en niveau et en contenu. Le sub n’est que la sortie mono de l’ensemble des objets.

SLU : Quels sont tes projets après cette opération ?

William Duvet : Du système avec Intelligence Audio.

SLU : Encore un nordiste qui prend d’assaut la capitale ;0)

William Duvet : (rires) Oui, et il paraît qu’on est nombreux dans ce cas ! Cela étant, le Nord bouge aussi et on ne manque pas de travail ici aussi.

Jean-Claude Casadesus, l’ONL, ses quatre solistes et ses 200 choristes saluent un public conquis. La puissance du Requiem, émotionnelle comme sonore, a parfaitement été restituée par le système L-ISA.

Après la description de cette très belle opération de musique classique, place à la technique dans la seconde partie de notre reportage avec Guillaume Le Nost, le responsable du développement de L-ISA, et enfin à l’interview se Christian Heil lors de la troisième et dernière partie. Un peu de patience, ce ne sera pas long ;0)

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