Martin vise un faisceau très étale, un indice de couleurs élevé et deux versions de moteurs de leds pour son nouveau Mac Encore Performance équipé de couteaux motorisés. Un moteur blanc froid pour les plateaux de télé et le live, un moteur blanc chaud pour les théâtres. Deux sources distinctes destinées aux applications exigeantes que nous avons testées.
Avec Martin, l’Encore nait et les couteaux sont au menu. Après le Mac Quantum Profile, on attendait tous une version performance du premier spot à Led de Martin. C’est 3 ans plus tard et avec une toute nouvelle gamme que les versions couteaux fait son apparition.
Présenté au ProLight & Sound en version bêta à quelques VIP triés sur le volet, le Mac Encore Performance a été lancé au mois de septembre 2017. Comparée aux autres modèles de la gamme, la puissance lumineuse n’évolue pas puisque le Mac Quantum Profile embarque un moteur led de 475 W contre 468 W pour les Mac Encore CLD (cold) en 6000K et WRM (Warm) en 3000K.
Encore, mais pas que ! Le Mac Encore est une machine de taille moyenne au design très atypique. Son look me fait penser à un mixage entre cybernétique et industriel. C’est un mélange de volumes cylindriques et cubiques avec des capots qui collent au plus près des volumes intérieurs. La base est pratiquement identique à celle des projecteurs de la série Quantum. On retrouve le connecteur USB servant aux mises à jour, l’écran et les boutons permettant de naviguer dans le menu et configurer les options, et sur l’autre face la connectique avec les deux XLR DMX-RDM mâles/femelles 5 points. Le connecteur d’alimentation utilise un PowerCON True1.
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Le dessin de la lyre est très élaboré. Initié sur les Viper, il a évolué ensuite pour chaque série, cette dernière version étant ma préférée. Le mélange des courbes, lignes et arrondis est le plus abouti et la suppression des renflements sur la base du U, fluidifie l’ensemble du design. On retrouve les deux poignées, très pratiques pour le transport et le positionnement au sol.
On retrouve aussi sur un des bras le blocage du Tilt avec une petite pointe de couleur qui permet de le trouver au premier coup d’œil. Le blocage du Pan a disparu, de mémoire, depuis le Mac III.
La tête est l’élément le plus marquant du concept. Lorsqu’elle est à la verticale, de face ou de profil, j’ai l’impression qu’Actarus va sortir du projecteur. Sur l’arrière, 4 vis permettent de fixer 2 poignées et de transformer, grâce au débrayage des axes, le spot en poursuite.
Sur les côtés, à l’arrière de la lire, deux grilles très ajourées permettent de créer un large chemin d’air qui participe au refroidissement de la matrice de 468 W formée par 36 leds blanches.
Le chemin jusqu’au nez du projecteur est une succession de volumes plus ou moins cylindriques. Alors que la tendance est aux lentilles larges, là « encore » la marque danoise se démarque en utilisant une sortie de lumière de taille plutôt moyenne correspondant précisément à celle de la source lumineuse.
Pas Encore au bout des surprises
Allumons cette nouvelle machine !
On commence bien sûr par vérifier le menu, et pour les réglages de base, pas besoin d’alimentation, il y a une batterie. Le choix du mode ne se pose pas. Il n’y en a qu’un de 38 canaux DMX. Le menu est simple et complet. Il donne accès aux options Pan/Tilt (Inversion, limitation et vitesse), aux 4 courbes du dimmer et à une émulation du filament tungstène. On peut également sélectionner la température de couleur alternative de la version utilisée (le CLD passe en blanc chaud et le Warm passe en blanc froid), opter pour l’autofocus ou choisir un des 5 modes de ventilation.
Ce n’est évidemment qu’un panel des options disponibles, et, cerise sur le gâteau, il est possible de sauvegarder 3 configurations, un plus très agréable quand les projecteurs d’un kit de tournée partent sur d’autres prestations durant les pauses. Trêve de bavardage, passons aux choses sérieuses. On démarre par le dimmer, c’est un paramètre virtuel, issu du soft de la machine, que les temps de transitions soient « cut » ou très long, la progression est propre de 0 à 100 %. La première impression sur le faisceau est bonne, il est parfaitement défini et il n’y a pas de halo parasite.
Comme sur beaucoup des consoles, la roue suivante contrôle le shutter virtuel qui produit les effets stroboscopiques. Dans la préversion que nous avons testée, le choix est assez minimaliste, strobe normal, de lent à rapide ou strobe aléatoire de lent à rapide. La gestion des mouvements, Pan et Tilt est très bonne quel que soit le temps de transition. On note un léger tremblement en fin de parcours du Pan si le temps de fade est de 0 seconde et que le paramètre Speed est sur Fast. Il suffit de passer en mode lissé pour le supprimer. En vitesse maximum, nous avons relevé, pour les deux axes, un temps de 2.16 secondes pour effectuer 180°. Le déplacement diagonal a également été effectué sans soucis.
Coté couleurs le Mac Encore offre un panel de paramètre qui devrait satisfaire les plus exigeants. Pour créer notre palette de couleurs, nous disposons de la trichromie avec les paramètres Cyan, Magenta, Jaune et d’une roue de 7 couleurs plus le blanc. Le paramètre est divisé en 4 parties : alternance de couleurs pleines et demi-couleurs, couleurs pleines uniquement, rotation continue de la roue et enchaînement aléatoire des couleurs. La distinction entre couleurs pleines / demi et couleurs pleines uniquement est intéressante car elle permet des transitions complètement différentes.
L’ensemble est vraiment réussi, les couleurs sont belles et homogènes même sur des faibles valeurs grâce à l’activation de l’option lissage du faisceau via le diffuseur Beam Smoother. La plage de couleurs est très étendue, les deux projecteurs sont aussi à l’aise dans les teintes claires, pastel que les couleurs saturées. Le dernier paramètre couleur est un correcteur de températures, CTO pour réchauffer une teinte obtenue avec la roue de couleurs ou la trichromie de la version CLD et CTB pour refroidir le WRM. Les couleurs sont bien entendu différentes sur les deux projecteurs et c’est ce qui fait la richesse de cette nouvelle gamme.
Comme pour toutes les gammes Martin, la dénomination Performance annonce l’intégration de couteaux motorisés. Le module qui équipe le Mac Encore est celui du Viper. Hormis le fait que l’on voit assez rapidement l’arrondi des lames, j’apprécie le contrôle simple (insertion, rotation) qui permet un réglage rapide ainsi que la linéarité des couteaux. C’est, à mon avis, un des meilleurs modules couteaux embarqué sur un projecteur motorisé. Le système permet d’avoir 2 couteaux vraiment nets et une homogénéité de focalisation sur les 4 lames. Le frost complète parfaitement ce paramètre, en floutant les couteaux sans dénaturer le cadrage, comme l’ajout d’un diffuseur Rosco #132 sur une découpe traditionnelle.
Un module couteaux performant, que le Frost à droite défocalise sans déformer.
5 gobos tournants et indexables pour mapper des surfaces ou créer des effets volumétriques.
La roue d’animation crée des ondulations dans le faisceau.
Le dernier paramètre à tester est le zoom. La plage d’ouvertures permet de conserver une bonne luminosité quelle que soit la valeur du zoom et semble se trouver dans la moyenne des projecteurs de cette puissance. Le paramètre est réactif et l’on peut aussi bien l’utiliser avec des transitions courtes ou longues. Il faut tout de même noter qu’il est assez bruyant en vitesse rapide. On peut éviter ce problème, soit, quand c’est possible, en spécifiant dans les paramètres de la console un temps de fade minimum à ce paramètre, ou bien en ajoutant un paramètre de temps dans les palettes ou encore directement dans les mémoires.
Des chiffres et des Nets
La pause repas permet de faire refroidir le projecteur pour ensuite passer aux mesures, sans se priver de comparer le flux des deux versions CLD et WRM. On commence par le derating pour tester l’efficacité du système de refroidissement. Puissance au max, nous mesurons l’éclairement au centre toutes les 5 minutes en prenant la mesure de référence 30 secondes après l’allumage. Et nous traçons la courbe ci-dessous.
Faisceau serré, plus petit net
Les mesures de luminosité commencent par le plus petit net. Ici la stricte comparaison est difficile car les deux versions (des pré séries) ne produisent pas le même angle à faisceau serré. Après derating, au centre de la version WRM, faisceau serré de 9,9°, on relève 18 110 Lux et 21 180 pour la CLD (10,43°). Le flux est 8 000 lumens en version WRM et 12 800 pour la version CLD.
Le chaud
Le froid
Faisceau 20°
La série suivante est notre mesure de référence avec une ouverture de 20°. Au centre de la version WRM on mesure 4 690 lux. En version CLD, on obtient 5 900 Lux. Le flux est de 9 420 Lumen pour la première et 11 980 pour la seconde. Pour les deux modèles on note un très léger « trou » au centre du faisceau que l’on retrouve dans le grand net.
Le chaud
Le froid
Faisceau large, plus grand net
Pour le grand net, un angle de 43,80°, on mesure 1 077 lux au centre du faisceau chaud et 1 360 lux pour le froid. Le flux est respectivement de 9 300 et 11 610 Lumens.
Le chaud
Le froid
Dimmer
Dans le corps de l’Encore
C’est Xavier, couteau suisse d’Algam Entreprises, qui va nous faire découvrir, en plus des locaux parisiens de la société nantaise, l’intérieur de la machine. On bloque la tête à la verticale, on peut aussi la mettre à plat d’un côté ou de l’autre (+/-90°) ou alors tilt mini / maxi, afin de pouvoir retirer les deux capots sans basculer la tête.

A l’opposé le module de fonctions est plus aéré et l’on peut ainsi accéder plus facilement aux paramètres, comme la roue de gobos. Mais il est tout de même plus facile de démonter le module pour changer un composant.
Tout comme les modèles précédents, il n’y a que 2 capots qui couvrent l’ensemble de la lyre. La partie de la tête couverte par les capots est divisée en deux compartiments, l’un contient la partie optique et l’autre le module supportant les autres paramètres.

Les deux moteurs triphasés entraînant les axes pan et tilt sont dans la base de la lyre. On remarque aussi le tendeur et la courroie du pan.

Le compartiment optique comporte 3 éléments, le focus, le frost et le zoom qui traverse la paroi du compartiment et s’insère dans le module. Il faut donc être vigilant et remonter l’optique au maximum pour démonter le module. On note que le câblage loge avec soin dans un passage de câbles articulé.
Le démontage du module est très simple, il suffit de retirer 4 vis, vérifier la position du zoom et dégager, en douceur, le bloc contenant les paramètres.

Un seul module contient les paramètres de couleurs, de gobos, d’effet, les couteaux et l’iris.
Le démontage très simple de ce module faciliter le changement des gobos et de la roue d’animation.

Les drapeaux de la trichromie et le correcteur de température sont tous aussi faciles d’accès pour faciliter l’entretien et la maintenance.

Comme dans le Viper Performance, le Mac Encore Performance est équipé d’un Beam Smoother activable via le paramètre contrôle. Il permet d’étaler les couleurs lorsque l’on travaille à faible intensité. On garde ainsi une homogénéité optimale des couleurs dans le faisceau. Le diffuseur a été monté sur un axe excentrique afin de rendre l’insertion du paramètre plus discrète lorsque le niveau du dimmer est bas et le retirer lorsqu’il n’y a plus de risques d’aberrations chromatiques.
En démontant les deux capots latéraux à l’arrière de la tête on accède à la source à leds et à son système de refroidissement.

Sur les 2 côtés, 6 ventilateurs, 3 en aspiration et 3 en extraction, créent une circulation d’air dans le radiateur sur lequel est fixé le circuit des 36 leds Osram 13 W, chacune associée à une lentille chargée de focaliser la lumière pour obtenir une source unique.
Ce n’est Encore que le début
Le Mac encore Performance est le nouveau fleuron de Martin. Il inaugure une nouvelle gamme de projecteurs destinée aux marchés les plus exigeant nécessitant une haute qualité de lumière. Comme on peut le voir sur les photos et la vidéo, la sortie de deux modèles équipés d’une matrice de leds chaude ou froide est très intéressante, on a ainsi une palette de couleurs très complète. Elle permet d’ouvrir le marché à une plus large clientèle tout en proposant une solution qualitative adaptée aux différents besoins. Le projecteur bénéficie en outre d’un très bon module couteaux, précis et très simple à contrôler.
Les tableaux généraux :
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