Qui aurait parié sur un ado des quartiers de Marseille et voix de Psy4 de la rime ? Pourtant du haut de son Everest, le Phoenix fait salle comble avec un show intergénérationnel, scénographié par Julien Mairesse, mis en lumière par Julien Cayzeele et en onde par Popeye.
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Tout d’abord, je remercie mon fils de m’avoir convaincue de venir assister à ce spectacle. Un mardi soir à Rouen, dans une des salles où l’acoustique inflige aux musiques actuelles une lutte incessante contre les résonances induites par la surface du béton mélangées à celles du plexiglas des sièges.
Comment vous dire, nous étions assis au dernier rang, au tout dernier, celui tout en haut… Et là…apparait un petit bout d’homme. Sa présence dépasse le cadre de scène. La lumière s’intègre dans un décor composé d’écrans dont la transparence laisse entre-apercevoir un DJ accompagné d’un homme-orchestre.
Les ondes sont graves, précises, envoutantes. Les textes malgré l’aphonie qui le guette sont altruistes, apaisants et vous passez un merveilleux moment de deux heures et demie. Le concert se termine et vous vous posez la question comment est-ce possible ?
Partons à la rencontre du grand monsieur assis derrière la console.
Vous l’avez surement croisé, sur une date de NTM, JoeyStarr, Booba, ou le collectif du Secteur A, pour les plus de quarante ans, bref le son rap de la scène française depuis plus de vingt ans, c’est lui.
Nous nous sommes donné rendez-vous chez le prestataire technique de la tournée, le groupe Dushow pour qu’il me livre sa marque de fabrique.
Que de chemin parcouru pour cet autodidacte de la cité de Grigny 91. A quinze ans, il sait qu’il veut être ingénieur du son, mais on lui a fait comprendre que pour un gars de banlieue… Alors il a pris le chemin du terrain, stage Au Plan qui l’amène à Banlieues Bleues puis chez Patrick Clerc (fondateur de la société On-Off, aujourd’hui Be Live).
Il découvre qu’il y a une place à prendre dans le milieu du rap. Personne ne veut se coller à ce nouveau genre musical, qui peut parfois, se révéler violent quand on n’a pas les codes. Mais les codes, lui, il les a.
Home Sweet Home
Penser que le rap n’est qu’une diffusion de deux pistes sur lesquelles on pose une voix, est une vision assez réductrice du travail de sonorisateur qui a le devoir de retransmettre le plus fidèlement possible les transitoires et l’infra voulu par le producteur.
Pour cela, Popeye travaille sur les pistes audio crées lors du travail en studio, via différents stems envoyé par le DJ sur Ableton Live. Cela qui implique que tout le show doit être time codé, cadencé par le click, au tempo des morceaux.

Le bureau SSL de Popeye avec dans la continuité la télécommande de sa Bricasti et l’affichage du SoundGrid
Sa console, il ne l’a pas choisie au hasard d’une mode comme tout le reste d’ailleurs. Ce sont des choix techniques déterminés par un cahier des charges précis, fruits de ses nombreuses années d’expériences sonores. Chaque mémoire de scène de la SSL L500 contient les réglages des EQ et dynamique auxquels viennent s’ajouter des plugs du SoundGrid relié en MADI, travaillé et retravaillé grâce au virtual soundcheck pendant les premières dates. Car comme nous l’explique Popeye, les trois jours de résidence au Zénith d’Amiens, ont plutôt été consacrés à la scéno qu’au son…
The Voice
Le traitement de la voix de Soprano, commence dès la prise de son. Apres écoute des diverses capsules montées sur des émetteurs proposés par les différents constructeurs, c’est le D6000 de chez Sennheiser qui a retenu toute son attention monté avec la capsule D-Facto de chez DPA.
Pour ses acolytes ce sera une MD 5235 de la marque allemande, dont la conception dynamique a été optimisée pour les niveaux sur scène élevés. Sa particularité réside dans le fait que sa directivité est variable, allant de supercadioïde étroit en haut du spectre à un cardioïde large à de très basses fréquences. (Courbe de réponse 40 – 20 000 Hz ) De plus l’effet de proximité est quasiment inexistant. What else ?

Un « rackàbijoux » analogiques avec tout en bas cousin Waves, fait de bits et de plugs, et désormais âgé de 27 ans. Qui se souvient du Q10 et du L1. Ahh ça ne nous rajeunit pas…
Pour compléter cette chaine, deux plugs de chez Waves : Sibilance et C6. Le premier est le dernier né des DeEsser. Son intérêt réside dans sa détection automatique et la correction qui en résulte passe inaperçue tant le traitement est précis, voire chirurgical.
Quant au C6, l’indétrônable compresseur multi-bande n’est plus à présenter. Ses réverbes ou du moins The reverb, une M7 de chez Bricasti fait partie de ses coups de cœurs. La couleur de son mix final est obtenue également grâce à l’ajout dans la chaine audio des grands noms de l’analogique.
Vous l’aurez compris, Popeye ne laisse rien au hasard, le moindre petit défaut est analysé et corrigé et cette exigence, il l’a également appliquée dans le choix de son système de diffusion.
Et le son fut
Sur la dernière tournée, il disposait d’un kit L-Acoustics. Mais une écoute du GSL, le dernier né de chez d&b Audiotechnik, l’a fait changer d’avis. C’est la signature sonore la plus adaptée à ce style musical me confiera Popeye. Et quelle lutte pour pouvoir partir en tournée avec !
Ce n’était pas gagné que le groupe Dushow, historiquement attaché à ses deux marques Meyer et L-Acoustics, investisse dans la marque allemande. Heureusement que dans le groupe se trouvent les irréductibles lyonnais de Fa Musique disposant déjà de J, V et Y. Ils sont désormais les heureux propriétaires d’un système complet en GSL, qui pour rappel, n’est sorti qu’en avril 2018.
Concentré, derrière ses outils d’analyse et de prédiction, Cyrille Poirier diffuse le mix de Popeye fidèle à ses exigences.
Comment décrire le GSL en trois mots ? C’est un système cardio sur tout le spectre, à directivité constante sur le plan horizontal et d’une facilité de montage déconcertante.
Que donne une telle promesse sur le terrain ? Le point de vue de Cyrille nous intéresse d’autant plus qu’il nous emmène au cœur de son travail d’ingé système, et souvenez-vous, nous ne sommes pas sur un festival en plein air, mais au Zénith de Rouen. Celui-ci a la particularité d’être de conception asymétrique et surtout la salle est cernée de murs en béton.
Le système de diffusion est composé d’un main constitué de 10 GSL-8 et de 2 GSL12. Pour les novices comme moi, chez d&b le chiffre 8 ou 12 derrière la référence correspond à l’angle de couverture horizontale, respectivement 80 et 120 degrés, axe symétrique. 8 V8 en outfill, 3 Y8 en infill, 3 V12 pour les fronts et 4 Y12 en near field permettent une couverture homogène de la jauge.
A l’écoute, la transition entre les différentes références d’enceintes passe sans interférences et on ne ressent aucune différence de couleurs, preuve d’un très bon calage de l’ensemble. Revenons sur le lobe principal du système, qui comme le spécifie d&b, est cardioïde sur toute la réponse en fréquence.
Pour Cyril, c’est un sérieux avantage dans ce genre de salle car cela évite de créer des réflexions générées par le mur du fond de scène, ou d’exciter les zones latérales, généralement moins bien loties en traitement acoustique. Cela permet notamment de préciser le bas médium et le medium, indispensable pour faire ressortir les voix.
Un autre avantage, et pas des moindres, pas de lobes arrière qui polluent la scène, ce qui laisse à Pascal Rossi, ingé retour sur la tournée, le champ libre au niveau de la gestion des in-ears. En début de tournée, l’artiste, peu habitué, à cette absence d’onde arrière, demandera à plusieurs reprises, d’ouvrir le son en façade !.
Et le rigging …
Comme me l’expliquent les deux compères, les points ne sont accessibles qu’à 11 heures. 2 riggeurs se partagent 83 points moteurs pour l’ensemble. Avec un unique cable pic, il faut 13 points par coté, pour monter le système complet de diffusion. D’ailleurs l’assistant de Cyril, Christophe Chapuis, n’hésite pas à enfiler le baudar. Vous l’aurez compris, c’est parfois compliqué d’aller déjeuner à 13 heures.
Au niveau de l’accroche, l’équipe est unanime. Les angles par l’arrière, associés au mode compression, ce n’est que du bonheur. Pas besoin d’être deux, de rentrer en force la goupille… Christophe, un habitué des boites marrons me confie que c’est simple, intuitif, rapide efficace. Et Cyril d’ajouter : « sans parler de la problématique des roulettes dans le bon sens… »
Avec cela vient s’ajouter l’ArrayCalc,
C’est le logiciel fourni par d&b pour prédire, modéliser et configurer l’implantation du système. Une confidence : le développement des logiciels a lieu au sein des locaux de d&b, la gestion et la résolution des bugs est donc quasi instantanée.
Un des atouts de la marque est aussi l’accompagnement de ses utilisateurs, la R&D a compris qu’elle devait s’impliquer sur le terrain à leurs côtés. A ce propos, je vous invite à vous inscrire aux formations, dispensées gratuitement par l’équipe « Education & Application Support » française.
Si vous écoutez Popeye, il n’a qu’un mot à la bouche en ce moment, « heureusement il y a l’Array Processing ». Mais qu’est-ce donc ? Une technologie, brevetée par d&b, qui optimise la réponse en fréquence sur toute l’audience couverte par le line array.

La page de réglage de l’Array Processing avec le fameux Realizer qu’il faut veiller à garder dans le vert, et croyez bien que ce n’est pas évident tant il est facile d’avoir la main lourde… Dans le cas présent, il est demandé au système de garder une atténuation nulle entre le nez de scène et le 24è mètre, puis une chute de 2,1 dB jusqu’au 61è et au-delà, une baisse de 3 dB.
L’algorithme calcule les filtres à réponse impulsionnelle finie (FIR) automatiquement pour chaque enceinte en prenant en compte, la configuration mécanique de l’array, la géométrie de la salle, la température, ainsi que l’humidité de l’air. Cependant, cela ne fait pas tout et derrière l’outil se cache le talent de Cyrille.
Le son en salle ce soir-là, était fabuleux, pas fort malgré la réputation de Popeye (je ne comprends pas d’où lui vient cette réputation …) équilibré, agréable. Cependant, une remarque et je m’adresse à tous les parents qui emmènent leurs jeunes enfants en concert. Pensez à les protéger.
Un dernier mot, MERCI pour ce moment, de m’avoir accordé un peu, beaucoup de votre temps pour répondre à toutes mes questions.
Les équipes
Coproduction : ONLY PRO & DECIBELS PROD
Direction Artistique – Scénographie – Mise en scène : JULIEN MAIRESSE
Création vidéo : CUTBACK
Lead : SOPRANO
Platines : DJ MEJ
Instruments : CAMILLE ROSSI
Backs : ZAK M’ROUMBABA, DIEGO M’ROUMBABA
Danse : JEANNE NEGRIER, HARMONY DIBONGUE, CHRISTOPHE DE ALMEIDA
En première partie : MR CARLTON
Direction musicale : FLORIAN ROSSI
Chorégraphie : CLARA HUET
Régie artistes : LHADI IBOURA
Direction de prod : PASCAL « GEORGE » MELEY
Direction technique : AYMERIC SORRIAUX
Régie générale : ZINO GUENDOUZ
Administration : NATHALIE COUTURIER
Régie plateau : YANN LECLEZIO
Déco en chef : JEREMY CONCHY
Déco : OLIVIER DAULON
A la lumière :
Conception/pupitre : VICTORIEN CAYZEELE
Pupitre lumière : MATTHIEU PATRIARCA
Blocs : SEBASTIEN CASABAN
A la technique & à la poursuite : PIERRICK LEBLANC, MARTIAL BLOND
Au son :
Mix façade : POPEYE MAXIMIN
Système : CYRILLE POIRIER
Mix retours : PASCAL ROSSI
Système et HF : CHRISTOPHE CHAPUIS
Backline : BRUNO MATHIEU
A la video :
Régie/media server : ROMAIN FIOR
Technique & poursuite : LIONEL MULET
Réalisation : ROMAN FORTUNE
Technique & Au cadre : MICHAEL SOUVY
Au rigg :
Accroche en chef : LAURENT CLAUDE
Technique : JOAQUIM BRANCO
Asservis : ELIE MARENCO, HUGO JARRY
Au catering :
Cuisine en chef : DAVID BACCHIERI
Cuisine : LAMIA BENHAMMADI, CECILE HIBERNAC
A la sécurité :
Coordination en chef : COSTER TABIBOU
Sécurité : SAID SEMROUNI
Au merchandising :
Direction : DJAMAL AHAMADA
Merchandising : YACOUB TABIBOU
A la conduite :
bus marseillais : RODRIGUE ORHON
bus parisien 1 : ERIC FERRE, JEAN-CHRISTOPHE ADAM
Truck en chef : HERVE MARTIN
Trucks : JOHANNE PRUVOST, CEDRIC TRIFOT, MICHEL BARET, JEAN-CLAUDE MOREAU, ALEXANDRE WITZ
Aux Costumes : SONIA BEDERE, NAIMA M’ROUMBABA
Au management : MATEO FERRAN
Aux prestations :
Aux tourbus : IRV & Aux trucks : ARTYS
Au son, lumière : DUSHOW & A la video : ALABAMA Au rigg : MASH
Au catering : WHAT ELSE & Au backline : SUD BACKLINE
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