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Collectif 13. Quand on n’a pas de pépettes, on a des idées.

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Notre métier nous porte à souvent disséquer des shows avec des infrastructures à couper le souffle. Place à une tournée à taille humaine où la débrouillardise et le talent suffisent à proposer le concert chaleureux et efficace du Collectif 13, un des cartons de l’été !

Les 4 mousquetaires de la technique et de la prod du Collectif 13. De gauche à droite Pierrot Duteil le sondier, Tof Duteil le lighteux, collectivement « Les frères sextoys » ou la Duteillerie, Olivier « Hortos » Heutebize le backliner et Fred Donizzotti régisseur de la tournée. C’est désormais Hervé Briland qui tient la régie.

Alors non, pas de matériel dernier cri, pas plus que de semies en épi devant la salle. De toute manière elles ne pourraient même pas approcher le Café de la Danse, la charmante petite salle cachée derrière Bastille à Paris.
Le maître mot de cette tournée essentiellement basée sur les festivals d’été, est l’humain d’abord, les idées ensuite et le talent pour finir. Un cocktail certes anachronique en ces temps de démesure, mais sacrément efficace quand on est aussi nombreux sur scène comme vous allez le découvrir.

[private]

Le Café de la Danse avec ses gradins tous sortis. On devine tout au fond un des deux bars ainsi que la passerelle coulissante à la force des bras et suspendue à deux rails, infiniment plus pratique qu’une improbable échelle ou élévateur.

Bibou (Seb Pujol de Tryo) qui a participé au montage de la tournée 2019, nous raconte cette belle aventure humaine en resituant tout de suite les priorités.

Bibou : 6 chanteurs, 5 musiciens et 4 membres du staff entre techniciens, régisseur et backlineur, ça fait du monde sur la route, autant dire que l’économie de la tournée est tendue (rires) Après l’incontournable Tourbus (complet), j’ai interrogé les prestataires pour disposer d’une régie complète mais on a du renoncer, cela dépassait nos moyens.

Le bonheur en quelques faders avec la SQ6 Allen & Heath.

On a donc pensé à une console son d’occase, mais ce qui était sur le marché était un peu vieillot et Pierrot qui mixe la face, a préféré que l’on s’intéresse à du neuf.  On a trouvé chez Allen & Heath notre bonheur, une SQ6 pour le prix d’une loc! On aurait aimé y trouver aussi des compresseurs multibande qui nous auraient bien aidé pour tenir le son d’un collectif où ça part un peu dans tous les sens mais malheureusement, même dans le bundle d’effets supplémentaires, il n’y en a pas. En même temps vu son prix…

Pierrot sourit au plateau qui vient de le citer et remercier pour son bon boulot. Le public est aux anges lui aussi.

Et Pierrot à la face fait un super boulot. C’est la première fois qu’il tient la face après avoir assuré aux retours et il s’en sort très bien.
Je lui ai donné quelques tuyaux notamment sur le fait de toujours donner la priorité au chanteur qui est lead sur tel ou tel titre ou passage.
Une sorte de mix à l’image. Le spectateur en salle doit tout de suite entendre et comprendre qui chante sur scène !

Ôtez moi ce fil que je ne saurais voir

SLU : Et pour les liaisons ?

Bibou : Avec 6 chanteurs on a aussi dû ruser car j’espérais recycler les vieux HF de Tryo mais on a été battu par leurs fréquences d’un autre temps et même un champion comme Ludo (Sardnal d’Algam hein ? Pas le Monchat!) a jeté l’éponge. On a donc investi dans des QLX Shure que je récupèrerai en un second temps pour le backline de Tryo.

Six émetteurs QLX avec autant de têtes Shure. On n’est jamais aussi bien servi que par soi même !

On rachètera des émetteurs pocket et on en équipera les percus de Daniel ou certaines grattes. En somme Tryo fait une location des HF à Collectif 13 et revendra la console en fin de tournée.
Il n’y a pas de petites économies quand il faut sortir à chaque date 15 cachets !

J’ai aussi prêté le kit micros et DI de Tryo avec notamment les statiques d’Hervé Le Guil qui servent en over head sur les percus de Danielito. Hervé et sa Fabrique, un magnifique studio à Saint Rémy de Provence où on a enregistré avec le groupe.

Le rack HF avec les 6 récepteurs derrière un distributeur UA844 qui, ne pouvant alimenter que 5 récepteurs, laisse le 6è sur ses propres antennes, de là les quatre aériens.

SLU : Tu soulages le tourneur j’imagine avec tout ça !

Bibou : Oui, mais il fait un super boulot. On arrive à tenir dans l’équation du 1/3 cachets, 1/3 transports et hébergements et le dernier tiers pour la production, les frais de résidence et tous les frais additionnels. C’est juste mais ça tient. On équilibre. On ne fait pas de gras pour les années creuses mais tout le monde s’y retrouve. (et artistiquement c’est carrément bien NDR)

SLU : Qui tient les retours ?

Bibou : On utilise le matériel de la salle et on demande quelqu’un qui connaisse bien les lieux. Ici c’est tellement petit et sans aucune isolation entre plateau et salle qu’il faut bien tenir les niveau sur scène pour ne pas tout pourrir à la face. De ce que j’entends (les balances font rage!) c’est parfait. Fred à la gratte et Erwann à la basse sont excellents et savent se tenir question niveaux ! (rires)

Le caisson du Collectif comme si vous étiez dedans. Remarquez les 6 rubans de leds plaqués à gauche, 12 en fait puisqu’on ne voit ici qu’une moitié de caisson, et au fond les alims et la commande DMX, le tout en provenance de Lumipop.

SLU : Et donc vous vous baladez avec votre caisson lumineux…

Bibou : Absolument. On est sur la route avec 4 épiscopes et le caisson, tout le reste on le prend sur place. On était parti sur un backdrop ou un tulle mais les prix étaient tels qu’on a préféré construire notre caisson qui va nous suivre durant les 45 dates et ne prend pas trop de place car il se coupe en deux. Comme c’est du fait maison il n’est pas très bien centré… (il l’est depuis la date de ce reportage!)

Fait maison pour un prix… Efficacité maximum !

C’est Tof (Christophe Duteil éclairagiste de la tournée) qui a trouvé chez Lumipop les rubans de leds et la commande DMX. On a en tout 6 zones. J’aurais voulu spooner les leds et puis…ça finira la tournée comme ca, ça rend assez bien ! (On confirme)

Par ici le son !

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas le Café de la Danse, un système y est installé et fonctionne très bien en termes de couverture et SPL pour les 499 spectateurs de la jauge max.

5 Metrix, des petites boîtes délivrant avec leur moteur B&C, un très joli haut du spectre. L’unique 8” Kevlar qui les équipe, une fois complété par le Metrix Sub, fait parfaitement l’affaire.

Basé sur le Metrix d’Adamson, 5 par côté (2 en version 5° et les trois du bas en 15°) en accroche plus deux Metrix Sub par côté en montage cardioïde, il est complété par deux paires de Point 12 en in et outfill des deux côté de la scène.

Puisqu’on parle de lui, voici en double exemplaire le Metrix Sub, embarquant une paire de 15” chacun. Au dessus, deux Point 12.

L’ensemble est processé et amplifié par quatre lab.gruppen PLM10000Q, une configuration récente, polyvalente et confortable. Les retours sont sans surprise pour salle accueillant une programmation très hétéroclite : des LE 1200 Martin Audio.

Souvenirs, certes, mais ça marche encore TRES bien cette configuration. Du béton armé de la génération pré PLM avec le Quattro et ses 4 x 200 W sous 16 Ohms et les 48a, mais vous pouvez les appeler fp6400, pile ce qu’il faut avec 1300 W sous 8 Ohms. Les LE 1200 en biamplification sont aux anges et la salle a dû faire une affaire avec Dispatch. Mais le temps est passé et aujourd’hui on peut faire aussi bien pour 4 wedges avec juste 2U florentins ;0)

L’amplification nous renvoie en revanche quelques années en arrière avec trois racks siglés Dipatch et comportant chacun une paire de racks de processing BSS FDS334 et trois amplis brandés à la fois lab.gruppen et L-Acoustics.  Les moteurs sont alimentés par des fp2400q à quatre canaux et des LA48a prennent en charge les 12” des wedges.
De quoi largement donner à manger à une douzaine d’entre eux et potentiellement compliquer la tâche à la face. Rien de tout ça ici, face et retours se sont entendus comme larrons en foire…sans trop s’entendre l’un l’autre !

SLU : Pierrot, comment fait-on à ne pas se marcher sur les pieds entre face et retours dans une salle aussi petite et où il n’y a aucune séparation entre la scène et la salle ?

Pierrot Duteil (ingé son face Collectif 13) PD : On essaie de demander à ses zikos de jouer moins fort, retours comme amplis, et on fait un gros câlin à Daniel (Danielito, percus Tryo et Collectif 13) qui adore écouter fort, d’y aller mollo, et pour finir tu relâches tous tes gates. Ceci dit, ce soir c’est une exception.
Avec La Nouvelle Vague à Saint Malo qui a une jauge de 900 où nous avons été en résidence, c’est la salle la plus petite. Pour le restant de la tournée, on va jouer dans plus grand ou en extérieur.

Un morceau de Tryo avec Guiz à gauche et Daniel à droite entourant Tof Duteil.

SLU : Tu as mixé les retours du C13…

Pierrot Duteil : Jusqu’à cette année. Ce n’est pas difficile de les rendre heureux sur scène. Il faut leur mettre du son dans les side avec les séquences et garder le pied bien devant afin qu’ils aient de solides repères pour le tempo.
Le SPDS est sur 4 tanches ce qui nous donne la possibilité de bien régler en fonction des titres et des salles.

SLU : Il n’y a pas grand chose dans les boucles…

Pierrot Duteil : On a quasiment tout viré. Il y a du monde sur scène qui joue bien. On préfère le live et le partage avec le public qui recherche quelque chose qui vit plutôt que des boucles trop produites. Cela fonctionne puisque dans ce collectif il y a un grand nombre de styles, de personnalités différentes et on retrouve ce métissage dans les titres comme dans la tessiture des 6 voix.

SLU : Important les HF ?

Pierrot Duteil : Primordial. Ils bougent beaucoup et bien sur scène et ce mélange de voix et de cultures doit pouvoir se faire sans aucune limite. C’est ce qui fait leur force.

Le plateau en plein concert avec un étage pour Daniel, Max et son accordéon et enfin DJ Ordoeuvre, les autres huit membres du Collectif se partageant le bas. Aucun télescopage à signaler !

SLU : Comment es-tu rentré dans cette aventure ?

Pierrot Duteil : Par le Pied de la Pompe. Depuis 2010 j’ai assisté et participé à toutes les évolutions du Collectif jusqu’en 2013 avec Gari qui venait du 13 et où l’idée d’être 13 sur la route est venue. J’ai commencé par être régisseur jusqu’au jour où le besoin de structurer l’ensemble a poussé Guiz à proposer mon nom pour prendre en main les retours et le plateau en vertu du fait que je connaissais bien le Collectif.
On a donc constitué le trio face, retours et régie qui existe toujours. Comme la personne qui tenait la face n’a pas pu se libérer cette année, je suis passé à la face et on prend les mixeurs retours locaux à chaque date. On est un peu bloqué par le nombre de places dans le tourbus (sourires).

C’est rare que l’ensemble des membres d’une tournée se prêtent au jeu de la photo. Bon, presque tous, mais les absents nous pardonneront. Collectif un jour, collectifs toujours !

SLU : Christophe le lighteux est ton frère. Vous êtes tombés dedans étant petits ?

Pierrot Duteil : On est dans la musique depuis toujours car nos parents nous ont éduqués dès le plus jeune âge à la musique, spectacles y compris. On a joué nous même et on s’est rapidement orienté vers la technique. On a été dans une école pour nous former mais on s’est rendu compte que rien ne vaut le terrain. Le premier jour en nous accueillant, le directeur nous a sorti : « Vous êtes des professionnels ! ». Non, on était là pour apprendre !

Du coup je n’ai retenu que ce qui m’intéressait et j’ai surtout énormément appris grâce à des stages auprès de vieux briscards passionnants comme Michel Colin, Tintin ou Régis de SAES à Fougères, des mecs qui ont de la bouteille et ont pris le soin de m’inculquer les règles de base.
« Pierrot, si avec des boîtes en carton et une petite console tu t’en sors dans ton caf’conc, le jour où t’arrives à travailler avec un beau système et une grosse console, ça roule. Ne te bloque jamais sur le matériel et ne fais pas du son avec les yeux. » C’est pareil avec Bibou, il y a tout à apprendre. Ma console, est toute simple, mais elle fait très bien le job, et c’est tout ce qui compte.

La bande menée par Guiz. Promis, ce n’est pas la chenille.

SLU : Comment gères tu tes 6 voix avec ta console et aucun périphérique ?

Pierrot Duteil : J’ai fait le choix de partir sans rien pour des raisons de coût et de poids, cela étant on ne s’interdit pas avec Bibou d’acheter quelques packs de plugs si on en ressent le besoin. Ma première idée a été celle de router les 6 voix dans un groupe et de le compresser pour qu’elles aient plus de patate. Hélas 6 micros sur un plateau très sonore, cela me remonte trop de bruit. En plus je me retrouve avec un haut mid très agressif quand les gars chantent tous ensemble.
J’ai donc fait le choix de traiter les voix individuellement, je compresse beaucoup moins et je suis chaque chanteur à la mano, à l’ancienne. Il n’y a rien de mieux. Je me suis fait aussi un groupe cajon pour donner à Daniel le grave très profond qu’il aime (pas vrai Bib !), un groupe percussions, un groupe kick pour le doubler, l’étoffer en quelque sorte, un groupe zik au cas où et tout le reste en DCA.
J’ai donc tout ce qui compte sous la main en Layer A et sur le B j’ai toutes mes tranches individuelles. Je pourrais aussi utiliser le slot à ma disposition à l’arrière de la console pour y placer une carte Dante ou Waves. Pour le prix c’est bluffant…Et puis tu branches un 58, tu fais « yooo » et ça sonne.

Pierrot Duteil, AGC, compresseur et limiteur à 6 voix !

SLU : C’est une config console un peu musclée…

Pierrot Duteil : Oui, on a pris deux stages DX168 qui ont de bons préamplis et des convertos en 96 kHz. Ils communiquent en RJ45 et jusqu’à 100 mètres, ça roule. Si on se trouve coincé, je prendrai la console d’accueil. J’ai un patch de 31, ce n’est pas insurmontable (rires).

SLU : Tu es content de tes 6 liaisons ?

Pierrot Duteil : Carrément ! Ca marche très bien, le Workbench est tentaculaire (rires) mais j’ai cerné les fonctions principales comme la recherche des fréquences par scan et code postal qui marche vraiment bien. Comme c’est moi qui m’occupe aussi de la HF, cela doit être abordable et rapide. Pour des liaisons « simples » je dispose d’un son de qualité, d’une visualisation et d’alertes très complètes. Il manque simplement quelques automatismes mais rien d’insurmontable. On démarre à peine la tournée et je suis déjà à l’aise.

L’après-midi avance, on se fait petite souris et on part prendre nos photos, Christophe et Pierrot ont besoin de temps pour travailler en paix. L’accueil du Café de la Danse est charmant et efficace, encore un bon point pour cette salle atypique et tellement bien placée. La configuration choisie impliquant de ranger les places assises et dégager un très grand parterre, les gradins disparaissent comme par magie (et un moteur) avant l’ouverture des portes.

Noir salle

Dès les premières notes la mayonnaise prend. L’énergie, la générosité, la patate, la qualité des titres mais aussi le travail de la famille Duteil bien secondée par Hortos au plateau et Fred Donizzotti à la régie offrent un show tout en mouvement et en complicité avec le public.

Les voix sont bien tenues et si le bas-mid et le grave trahissent un calage hésitant entre gradin sorti et gradin rentré (peut être faudrait-il deux presets différents et un tout petit mouvement vertical des deux lignes pour accompagner ce changement), le reste sort très bien.

N’oublions pas non plus que cette salle est au beau milieu de la ville et ne peut sans doute pas envoyer la cavalerie dans le bas. Pierrot tient parfaitement ses niveaux autour de 94 dBA avec une définition et une intelligibilité de tout premier plan tout au long du concert. Il faut dire qu’il est bien aidé par une super brochette de pros de la scène qui s’amusent après avoir veillé à laisser leur égo dans le tourbus, mais pas leur talent.
Si vous avez l’occasion d’aller les voir cet été, faites vous du bien, n’hésitez pas !

Les équipes

Chanteurs :
BRIARD Gérôme (Le pied de la pompe)
CELESTIN Cyril aka Guizmo (Tryo)
GARIBALDI Laurent aka Gari Grèu (Massilia Sound System)
MUSSET Mourad (La Rue Kétanou)
ADELINE Sylvain aka Syrano
MOUNI Ali aka Alee (La Rue Kétanou)

Musiciens :
BRAVO Daniel aka Danielito (Tryo)
RAGUIN Maxime
MONTECOT Mathieu aka DJ Ordoeuvre
MARIOLLE Frédéric aka Veuch
CORNEC Erwann (Le pied de la pompe)

Technique et Prod :
DONIZZOTTI Frédéric / BRILAND Hervé : Régisseur Tournée
DUTEIL Christophe : Eclairagiste
DUTEIL Pierre-Yves aka Pierrot : Ingé son
HEURTEBIZE Olivier aka Hortos : Backlineur

Les sites :
Pour la production : le site Pyrprod
Pour le groupe : Le site Collectif 13
Pour l’équipement caisson lumineux : le site Lumipop

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